Jean-Pierre Lledo, né le 31 Octobre 1947 à Tlemcen (Algérie).
Originaire d’Algérie par les ancêtres de sa mère juive, depuis 26 siècles, et par ceux de son père d’origine catalane depuis quatre générations. Diplômé du VGIK (Moscou) en 1976, comme réalisateur de cinéma. Il réalise 2 longs-métrages fictions et une douzaine de documentaires en Algérie qu’il doit quitter en Juin 1993, suite aux menaces de mort islamistes.
Ses derniers films réalisés à partir de la France sont tous consacrés à l’échec de son rêve d’une Algérie indépendante et multiethnique.
Son dernier film Algérie, histoires à ne pas dire a été interdit en Algérie en 2007, et le demeure.
A partir de 2012, il entame la réalisation d’un très long métrage de 11 heures ‘’Israël, le voyage interdit’’ où il examine les raisons de son refoulement d’Israël, durant plus d’un demi-siècle. Diffusion en 2020.
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Originaire d’Algérie par les ancêtres de sa mère juive, depuis 26 siècles, et par ceux de son père d’origine catalane depuis quatre générations. Diplômé du VGIK (Moscou) en 1976, comme réalisateur de cinéma. Il réalise 2 longs-métrages fictions et une douzaine de documentaires en Algérie qu’il doit quitter en Juin 1993, suite aux menaces de mort islamistes.
Ses derniers films réalisés à partir de la France sont tous consacrés à l’échec de son rêve d’une Algérie indépendante et multiethnique.
Son dernier film Algérie, histoires à ne pas dire a été interdit en Algérie en 2007, et le demeure.
A partir de 2012, il entame la réalisation d’un très long métrage de 11 heures ‘’Israël, le voyage interdit’’ où il examine les raisons de son refoulement d’Israël, durant plus d’un demi-siècle. Diffusion en 2020.
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Plus d’un mois après le début de l’offensive russe en Ukraine, Jean-Pierre Lledo propose de remettre la guerre en perspective dans cette suite de textes en quatre parties, à retrouver chaque jour sur le site de la Revue Politique et Parlementaire.
Un peu de géopolitique1
« C’est moi qui ai suggéré de bombarder Belgrade. C’est moi qui ai suggéré d’envoyer des pilotes américains et de faire sauter tous les ponts sur le Danube »2 .
Ainsi parlait en 1998 l’actuel président des USA Joe Biden, alors sénateur, lors d’une réunion de la commission sénatoriale des affaires étrangères. Un an plus tard, il fut écouté. Bombardements intensifs de l’OTAN (37 465 sorties avec 786 aéronefs) et ininterrompus durant 78 jours, soit plus de 2 mois et demi. Hormis les cibles militaires, des usines chimiques, les studios de la Radio-Télévision, et la mission diplomatique chinoise sont atteintes. Bilan des pertes humaines : 2 500 personnes, dont 89 enfants. Et ce sans aucun mandat de l’ONU, ni sans que la Serbie ait agressé un quelconque pays.
Le prétexte (prévenir le génocide serbe contre le Kosovo) s’avéra être un fake-news, mais ni les USA ni les pays membres de l’OTAN ne furent sanctionnés. BHL continua à se pavaner. Les médias ne s’émurent point, donc les foules non plus. Formidables fabricants d’unanimisme, les grands médias sont en effet capables d’endurcir les cœurs, ou au contraire de faire pleurer à l’unisson : la droite et la gauche, les juifs et les antisémites, les gens du peuple et même les intellos qui se croient libres, lesquels en principe savent pourtant comment se produit l’information (lire : la désinformation). C’est dire.
Ce n’est pourtant pas de cela dont je voudrais parler. Pour l’instant. Mais me demander si Biden qui a traité Poutine de “criminel de guerre’’ et, ces jours derniers, de ‘’boucher’’3 , appartiendrait à la même corporation. Certains en seront surpris, mais ma réponse est négative.
Biden n’était pas un criminel de guerre, pas un boucher, pas plus que le président de l’époque Bill Clinton.
D’abord parce que la gouvernance d’un pays même dictatorial ne se réduit jamais à une personne. Ne pas confondre un individu et un Etat. Ensuite et surtout parce que le monde n’est régi ni par le Droit ni encore moins par la morale. Mais par la Puissance (économique et militaire), dont l’étude se nomme la géopolitique. Dans mon précédent papier, j’ai qualifié le Droit international de ‘’feuille de vigne’’ de la géopolitique4 . L’article 2, alinéa 4 de la Charte des Nations unies pose que les membres doivent s’abstenir « dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies ». Mais la géopolitique dispose !
Les 10 Commandements seraient-ils alors vains, inutiles ? Non, car s’ils ne peuvent empêcher la violence, du moins l’entravent-ils, la réfrènent-ils, génèrent-ils de la mauvaise conscience, et l’obligent même à se justifier, c’est-à-dire à tenter de se légitimer. Cependant en dernière analyse, lorsqu’un conflit arrive à incandescence, c’est toujours la puissance qui décide. Jamais les commandements. Cela s’appelle aussi la realpolitik.
Notons que dans la guerre moderne entre grandes puissances, fondée sur l’équilibre de la terreur nucléaire, les civils ne sont pas spécifiquement visés. Victimes collatérales, leur nombre n’est jamais très élevé. Insignifiant au regard du bilan des guerres civiles et ethniques (près d’un million de morts au Rwanda, 500 000 en Syrie, 200 000 en Algérie).
Petite parenthèse, les Juifs ont été et demeurent le seul peuple au monde à être visé en tant que… peuple. Hier par le nazisme qui a combiné la guerre conventionnelle et la guerre ethnique à une échelle industrielle. Aujourd’hui par l’Iran qui ne fait pas mystère de sa volonté d’acquérir la bombe atomique dans le but d’achever le travail d’Hitler, objectif maintes fois proclamé sans provoquer la moindre condamnation de l’ONU, des USA et de l’Europe… Viser un peuple entier pourrait distinguer l’Etat ‘’fasciste’’ des Etats totalitaires, autoritaires, non-démocratiques. Denrée plutôt rare de nos jours, heureusement.
Pour s’imposer, les Etats civilisés (démocratiques ou autoritaires) ont bien d’autres moyens que l’arme nucléaire. Le hard (puissance militaire sur terre, air, mer, et cyber-espace) … Et la gamme étendue du soft : la puissance économique (richesses naturelles et technologies), la diplomatie, l’espionnage, la division pour favoriser le règne, la mise en opposition de puissances régionales, les coups d’Etat, les coups fourrés, le contrôle des média, les fake-news, la formation de révolutionnaires-bobos. La déstabilisation, quoi, en tous genres…
Le recours à la violence ne se manifeste que lorsque les rapports de force se modifient. Elle sert alors soit à contenir, à restreindre cette modification, soit à l’installer définitivement.
Avant d’aborder concrètement le conflit actuel et apparent entre l’Ukraine et la Russie, ce préambule général m’a semblé indispensable, tant j’ai été surpris de constater, y compris chez les plus aguerris, combien l’émotivité avait pris le pas sur la rationalité, les poussant même à confondre symptôme et cause du mal. Raison pour laquelle je ne me confondrai pas en précautions oratoires, comme se sentent obligés de le faire, tous ceux qui ne veulent malgré tout pas renoncer à leur esprit critique.
Je ne commencerai donc pas par m’apitoyer devant le flux ininterrompu des images de détresse de la population de certaines régions de l’Ukraine dont se repaissent, pour ne pas dire jouissent, les grandes TV du monde occidental. D’une part parce que c’est indécent. D’autre part et surtout parce que ces images n’ont qu’un but : empêcher de réfléchir aux causes de cette violence et donc d’y mettre fin. Je ne commencerai donc pas non plus par désigner et condamner ‘’l’agresseur’’ du 24 Février 2020. Tout simplement parce que si je le faisais, je participerais de l’enfumage médiatique qui vise à faire oublier que dans cet endroit du globe, il y a une guerre qui ne dit pas son nom… depuis presque trois décennies.
Sans parler de cette autre raison, sur laquelle je n’insisterai pas trop ici, mais que nous devons toujours garder en vue et qui me fait m’insurger contre les émotions trop sélectives pour être honnêtes… Car si c’était vraiment la détresse humaine qui importait, quid de celle des Yéménites, « la pire crise humanitaire du monde », ainsi décrite par les Nations unies qui ont échoué à réunir le 16 mars dernier les 4 milliards de dollars nécessaires pour faire face à une situation qui à la fin de l’année 2021 se résumait en ces quelques chiffres : 377 000 morts, 10 000 enfants tués ou blessés depuis le début de la guerre, fin 2014, plus de 4 millions de personnes déplacées, 17,4 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire (ce chiffre devrait atteindre les 19 millions d’ici la fin de l’année), 5 millions de personnes sont au bord de la famine.
Quid de l’Éthiopie, de Haïti et du Myanmar (ex-Birmanie), et l’on pourrait facilement allonger une liste qui fait penser que certains sont plus égaux que d’autres…
Car pour l’instant en Ukraine, l’on parle d’un millier de victimes civiles et de 3 millions de personnes ayant dû fuir leur foyer, parmi lesquels un tiers de non-Ukrainiens. Je m’interroge d’ailleurs sur le fait que les Ukrainiens préfèrent quitter leur pays, et pour les Juifs vers Israël, plutôt que de se réfugier dans les deux-tiers de l’Ukraine non-occupée et non-visée par les troupes russes. Les orthodoxes de l’Est seraient-ils mal vus par les catholiques de l’Ouest ? Les Juifs par les antisémites galiciens ? Fraternité défaillante ? Je n’ai encore rien entendu à ce sujet. Mais je sais par exemple qu’en Israël, et en temps de guerre, les habitants du sud sont accueillis par ceux du Nord et inversement.
Le terrorisme médiatique
Qui ne sait pas ce qu’est un pogrom, un lynchage, l’effet de meute, et la bave de la haine, n’aura qu’à revoir les interviews accordées aux radios-TV de France par le candidat à la présidentielle Zemmour, où les journalistes, en général par paires, se jettent et mordent leur proie, jusqu’au sang.
Dans le cas de l’Ukraine, ce type de terrorisme a, selon moi, deux objectifs principaux :
1 – Eviter que le public ne se souvienne ou ne sache que les USA ont été, depuis le 20ème siècle, la principale puissance interventionniste dans le monde (sans aucun mandat de l’ONU). Ce qui pourrait rendre suspectes ses indignations actuelles. Quelques exemples (loin d’être exhaustifs)…
Bombardements intensifs de pays souverains sans aucun mandat (en 1950, Corée du Nord. Au Vietnam, à partir de 1964 et ce durant 11 ans ! En 1986, contre la Lybie. En 1999 contre la Serbie). Coups d’Etat organisés ou soutenus par la CIA (En 1953, contre le Premier ministre iranien Mohammad Mossadegh pour avoir nationalisé le pétrole. En 1954 contre le Guatemala en réaction à une réforme agraire. En 1973, au Chili). Aide à la subversion (contre Cuba en 1961. En Afghanistan, à partir de 1979, en faveur des djihadistes. Ukraine, 2004 – 2014). Invasion de l’Irak en 2003 par une coalition menée par les États-Unis.
Je doute que la Russie puisse jamais égaler une telle performance. Et combien de présidents américains eussent pu être traduits devant une Cour Internationale de Justice (du génocide des Indiens au napalm contre les Vietnamiens, en passant par Hiroshima) ? « Le président qui a obtenu le Prix Nobel de la paix, neuf mois après son investiture (en 2009), s’est avéré être l’un des plus agressifs leaders américains qu’on ait connu ces dernières décennies. », ainsi parla d’Obama, le directeur du National Security Studies Program au New America Foundation, Peter L.Bergen, qu’il qualifia de “guerrier en chef’’ dans le New York Times.
2 – Eviter que la problématique cruciale des causes ne se substitue à celle de ‘’l’agresseur/agressé’’. Cette dernière a l’avantage de l’évidence : c’est bien la Russie qui a attaqué le 24 Février. C’est elle l’agresseur. C’est elle qui devrait être condamnée et sanctionnée. C’est elle qui devrait reculer. Sa diabolisation n’en sera que plus justifiée. Si l’interventionnisme des USA, l’a été au nom de Belles Causes : au nom de la lutte contre le communisme, au nom du principe de ‘’responsabilité’’, au nom de la liberté, et même du droit ‘’d’ingérence humanitaire’’, celui de la Russie, à contrario, ne peut être qu’au nom des pires causes du nationalisme chauvin, de l’annexionnisme, de l’impérialisme, voire, lorsqu’on ne sait plus quoi dire, de la mégalomanie furieuse d’un FOU.
Et je le redis, je reste étonné de la performativité d’un tel narratif, on ne peut plus manichéen, y compris parmi des élites habituellement plus vigilantes.
Leur alignement sur le discours médiatique dominant, l’alignement des médias sur celui de l’Etat, l’alignement du discours des Etats sur celui de ‘’l’Europe’’ qui lui-même se calque sur celui des USA, tout cela, en vérité plus qu’alarmant, me fait penser que quelle que soit l’issue de cette guerre, les USA en sont déjà les grands vainqueurs.
Or cet enfumage, comme tous les enfumages, est toxique. Il ne peut avoir pour seule conséquence que prolonger indéfiniment la guerre donc les souffrances des individus et la destruction des villes, dont, avec une belle hypocrisie, on fait un extraordinaire fonds de commerce, l’audimat étant générateur de publicité et de fric. Le fric rouge sanguinolent. Je ne parle même pas des industries de guerre.
Il est donc urgent à mon sens d’abandonner la problématique de ‘’l’agresseur / agressé’’ pour revenir à celle des causes profondes, comme nous y invite un des grands de la géopolitique, le professeur John Mearsheimer, ou bien un ancien de l’OSCE et de l’OTAN, le colonel Jacques Baud5 .
Ignorer, ou refuser de connaître ces causes, voire criminellement les dissimuler, c’est se condamner à voir cette guerre s’éterniser, et être complice des va-t-en guerre prêts à se battre jusqu’au dernier Ukrainien. Rappelons-nous qu’au journaliste américain qui, à propos de l’Irak, lui demandait si ‘’Du fait de cet embargo, les 500 000 enfants déjà morts, étaient-ils le prix à payer ?’’, la secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright confirma : ‘’Oui, c’est le prix à payer’’6 .
La cause profonde essentielle
Contrairement aux apparences, cette guerre n’oppose pas deux pays voisins pour une banale histoire de tracé de frontières qui de par le monde génère tant de conflits locaux, mais deux grandes puissances, les USA et la Russie. Et cela dure depuis trois décennies. Récapitulons à grands traits les principaux moments de la confrontation.
Fin 1991, effondrement et dislocation de l’URSS.
1994, Mémorandum de Budapest (Traité de non-prolifération des armes nucléaires avec l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan) avec les USA, la Russie et l’Europe. Le secrétaire d’État James Baker déclare : « Il est important, non seulement pour l’Union Soviétique mais aussi pour les autres pays européens, d’avoir des garanties comme quoi, si les États-Unis gardent une présence en Allemagne dans le cadre de l’OTAN, la juridiction militaire actuelle de l’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce en direction de l’Est. ».
1999-2004, les USA se parjurent et profitant de la faiblesse de la nouvelle Russie, attaquent. Sont admis dans l’OTAN, d’abord, la Pologne, la République Tchèque, la Hongrie, puis l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Slovénie, la Slovaquie, la Bulgarie et la Roumanie.
2003 – 2005, « Révolutions de couleur » dans trois républiques de l’ex-URSS : Géorgie, Ukraine, et Kirghizstan. Pilotées et financées par la CIA au travers de Fondations américaines (NED, Freedom House, CANVAS, Soros, etc…) et d’organisations subversives locales. Cela a été abondamment documenté7 .
L’éditorialiste du New York Times, Thomas Friedman, rapporte les propos de l’un des plus grands analystes de la Russie, George Kennan, architecte de la victorieuse politique de containment de l’URSS durant la guerre froide : « Je pense que c’est le début d’une nouvelle guerre froide. Je pense que les Russes vont progressivement réagir de manière assez négative et que cela affectera leurs politiques. Je pense que c’est une erreur tragique. Il n’y avait aucune raison pour cela. Personne ne menaçait personne d’autre. [L’expansion de l’OTAN] n’a été qu’une action légère de la part d’un Sénat qui ne s’intéresse pas vraiment aux affaires étrangères. Ce qui me dérange, c’est la superficialité et le manque d’information de l’ensemble du débat sénatorial. J’ai été particulièrement gêné par les références à la Russie en tant que pays mourant d’envie d’attaquer l’Europe occidentale. Les gens ne comprennent-ils pas ? Nos différences dans la guerre froide étaient avec le régime communiste soviétique. Et maintenant, nous tournons le dos à ceux-là mêmes qui ont organisé la plus grande révolution sans effusion de sang de l’histoire pour renverser ce régime soviétique. (…) Bien sûr, il y aura une mauvaise réaction de la part de la Russie, et alors [les partisans de l’élargissement de l’OTAN] diront que nous vous avons toujours dit que les Russes étaient comme ça… »8 .
Prophétiques propos, tenus en 1998, suite à l’adoption par le Sénat américain de la décision d’étendre l’OTAN, une année avant l’arrivée de Poutine au pouvoir…
Et effectivement la Russie, qui s’était vue refuser son intégration dans un espace européen commun et qui n’apprécie pas l’annonce d’une possible entrée dans l’OTAN de l’Ukraine et de la Géorgie, va contre-attaquer…
2007. 43e édition de la conférence de Munich sur la sécurité. Poutine est on ne peut plus clair : « J’estime que dans le monde contemporain, le modèle unipolaire est non seulement inadmissible mais également impossible…. Il me semble évident que l’élargissement de l’Otan n’a rien à voir avec la modernisation de l’alliance ni avec la sécurité en Europe. Au contraire, c’est une provocation qui sape la confiance mutuelle et nous pouvons légitimement nous demander contre qui cet élargissement est dirigé. ».
2008, Avril. Sommet de l’OTAN à Bucarest. « L’Alliance atlantique s’est engagée à Bucarest à admettre Kiev et Tbilissi dans ses rangs… La Géorgie salue une décision « historique », Moscou dénonce « une erreur stratégique » »9 .
2008, Août. La Géorgie attaque l’Ossétie du Sud. La Russie intervient militairement pour soutenir la volonté de ses habitants et ceux de l’Abkhazie, russophones, de s’émanciper de la tutelle géorgienne.
Ces deux coups de semonce d’une Russie qui sort du marasme des années 90, n’ont-ils pas été pris au sérieux ? Les USA croient-ils être encore ‘’la nation indispensable’’ chère à Madeleine Albright10 , laquelle s’inspire sans doute de la pensée de Zbigniew Brzeziński, le plus influent conseiller des présidents américains : « L’Amérique a acquis une position hégémonique globale sans précédent. Elle n’a, aujourd’hui, aucun rival susceptible de remettre en cause ce statut. Qu’en sera-t-il dans un avenir proche ? ». Dans son livre ‘’Le Grand Echiquier’’, il exprime notamment sa crainte d’une alliance Allemagne-Russie. Sans l’Ukraine, la Russie n’est plus une puissance eurasienne, et ajoute-t-il, l’Europe en serait dangereusement atrophiée. D’où la nécessité d’aider l’Ukraine à s’émanciper de l’influence russe. Bien sûr au nom des valeurs démocratiques, dont nous allons voir à présent de quelle manière elles ont inspiré la politique américaine dans ce pays depuis 2004.
Jean-Pierre Lledo
https://mabatim.info/2022/03/08/nous-sommes-tous-des-juifs-ukrainiens/
https://www.europe-israel.org/2022/03/nous-sommes-tous-des-juifs-ukrainiens-jean-pierre-lledo-cineaste/. ↩
https://www.youtube.com/watch?v=ppD_bhWODDc / https://www.europe-israel.org/2022/03/nous-sommes-tous-des-juifs-ukrainiens-jean-pierre-lledo-cineaste/. ↩
https://www.youtube.com/watch?v=noqlx0B6evo /
https://www.investigaction.net/fr/la-situation-militaire-en-ukraine/
Que l’on me permette au passage de railler l’olibrius Guy Millière qui (dans Dreuz) pontifie et se permet de vitrioler l’universitaire (dont il n’arrive pas à la cheville ni par les titres ni par les publications), et l’homme de terrain, depuis sa douillette maison de Las Vegas – on peut, par exemple, ne pas partager les convictions d’un Brzeziński mais s’incliner devant son savoir et la perspicacité de ses jugements. ↩ Interview par le journaliste Lesley Stahl dans son émission Sixty Minutes du12 Mai 1996 à CBS. ↩ Voir notamment ce film documentaire de Manon Loizeau ‘’Comment la CIA prépare les révolutions’’: https://www.dailymotion.com/video/x1d37d8 ↩ http://international.blogs.ouest-france.fr/archive/2016/02/17/guerre-froide-russie-kennan-15670.html. ↩ https://www.nouvelobs.com/monde/20080403.OBS7921/l-otan-trouve-un-accord-pour-accueillir-a-terme-l-ukraine-et-la-georgie.html. ↩ « Nous sommes la nation indispensable… Nous voyons plus loin dans l’avenir que les autres pays, et nous voyons le danger pour nous tous ». Micah Zenko, « The Myth of the Indispensable Nation ». ↩
Est-il encore possible de penser ?
– Partie 2
Par Jean-Pierre Lledo
7 avril 2022
Plus d’un mois après le début de l’offensive russe en Ukraine, Jean-Pierre Lledo propose de remettre la guerre en perspective dans cette suite de textes en quatre parties, à retrouver chaque jour sur le site de la Revue Politique et Parlementaire. Consultez ici la première partie.
L’exportation de la ‘’démocratie’’ en Ukraine
A partir de 2004, l’Ukraine va être le théâtre d’affrontements de plus en plus violents entre la Russie et les USA, mais qui apparaissent, vu de l’extérieur, comme des conflits intérieurs entre pro-occidentaux et pro-russes, entre ukrainophones et russophones, voire comme des conflits locaux entre deux pays voisins, voire même comme une guerre civile entre frères orthodoxes (les chrétiens y sont très minoritaires, essentiellement dans la Galicie à l’extrême ouest) titillés par le désir nationaliste de s’affirmer (à la demande du Président Porochenko et de la Rada, une partie des ukro-orthodoxes se sépare du Patriarcat russe en 2018, et obtient du Patriarcat œcuménique de Constantinople, en 2019, la reconnaissance de l’auto-céphalie. Ce qui provoque un schisme entre les deux Patriarcats.
De 1991 (séparation avec la Russie) à 2004, l’Ukraine a eu deux présidents plutôt russophiles (Kravtchouk et Koutchma). En novembre 2004, également russophile, Viktor Ianoukovytch est élu président. Des manifestations ‘’populaires et spontanées’’, appelées ‘’Révolution orange’’, remettent en cause le verdict des urnes, et le 26 décembre 2004 le pro-américain Viktor Iouchtchenko est élu. Contrairement aux habitudes passées, les USA s’investissent massivement et ouvertement1 . Des dirigeants américains se rendent sur place (Kissinger et Mc Cain). Et on ne lésine pas sur l’argent : 5 milliards de dollars depuis 1991 par l’intermédiaire d’ONG, selon la diplomate américaine Victoria Nuland, représentante du Bureau des Affaires Européennes et Eurasiennes à Washington, très impliquée, on le verra encore, dans les affaires ukrainiennes.
Mais 5 ans après, le 7 Février 2010, le peuple ukrainien sanctionne le bilan très négatif de Iouchtchenko, incapable de juguler la corruption des oligarques et qui n’obtient que 5% des voix. Le russophile Viktor Ianoukovytch est réélu avec 48,95 % des voix. Il devient le 4ème président de l’Ukraine, cette fois sans contestation. L’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) juge le scrutin « transparent et honnête ». La machine américaine de la déstabilisation fait alors feu de tout bois et 4 ans plus tard, elle aboutit à la ‘’Révolution de Maidan’’, qui chasse Ianoukovytch, obligé de fuir.
Par sa méthode, cette ‘’révolution’’ est un remake de la ‘’Révolution orange’’.
Sauf que cette fois, la violence des milices armées néo-nazies se substitue au folklore bon enfant des étudiants jouant à la révolution. Une centaine de morts à Kiev, en 4 jours de Février 2014.
Sauf que cette fois, même des éminences telles John Brennan, le directeur de la CIA, ou même le vice-président d’Obama, Joseph Biden, se ruent au portillon. C’est la Secrétaire d’État adjointe aux affaires européennes et eurasiennes, Victoria Nuland herself, qui, sur place, est directement au poste de pilotage.
Accompagné de son Excellence l’ambassadeur Geoffrey R. Pyatt, elle apporte son soutien aux ‘’révolutionnaires’’. Toujours aussi bien accompagnée, elle distribue des petits pains. Et mieux encore… elle compose le nouveau gouvernement.
Nous savons tout cela grâce à l’interception d’une communication téléphonique, où on l’entend choisir le Premier ministre (Arseny Yatsenyuk) appelé par son diminutif ‘’Yats’’, et où l’Europe, trop scrupuleuse à son goût, en prend pour son grade : ‘’Fuck the UE!’’2 .
Notre objet étant l’observation de la lutte que se mènent les USA et la Russie sur le théâtre ukrainien, nous ne décrirons pas les différentes péripéties de l’EuroMaidan.
Premières conclusions
Ce qui s’est passé en Ukraine durant cette décennie 2004 – 2014 est l’illustration quasi-parfaite de ce que la Géopolitique prime le Droit.
Les USA qui sont pourtant un pays démocratique, malgré la longue liste d’objections qui pourraient venir à l’esprit, à commencer par le fait que l’on peut y voter sans être obligé de montrer sa carte d’identité, n’ont pas hésité, à deux reprises, à provoquer la chute du président élu russophone, Ianoukovytch.
La volonté américaine d’arracher l’Ukraine à la sphère d’influence russe se concrétise aussi sur le terrain économique. Alors que la Russie avait annoncé son intention de baisser le prix de son gaz et d’offrir au gouvernement ukrainien un prêt de quinze milliards de dollars, ainsi que la levée des barrières douanières avec l’Ukraine, c’est le refus, par le gouvernement, de l’accord moins avantageux proposé par l’Union européenne qui va précipiter le processus insurrectionnel, appelé ‘’putsch’’ par un ancien de la CIA, Ray McGovern3 .
Des voix s’élèvent en Europe pour enclencher un nouveau cycle vertueux visant à relégitimer le pouvoir ukrainien. L’économiste Jacques Sapir propose à cette fin une assemblée constituante : « Si une élection présidentielle est maintenue, le scénario le plus probable est que les insurgés des régions de l’Est de l’Ukraine vont refuser que cette élection se tienne et vont organiser, comme ils en ont manifesté l’intention, des référendums sur l’indépendance… La scission de l’Ukraine a très peu de chances de se produire pacifiquement. Il y aura une guerre civile au cœur de l’Europe, avec toutes les horreurs qu’une telle guerre entraîne, et dans les responsables de cette guerre il faudra compter tous les dirigeants qui, par aveuglement ou par calcul, ont soutenu le gouvernement de Kiev (post-Maidan, illégitime. JPL). »4 .
Ces voix ne seront pas entendues. La géopolitique prime aussi la sagesse.
Au coup de force politique s’ajoute un autre coup de force, culturel cette fois, mais symboliquement aussi grave. La loi sur les langues régionales est abrogée le 23 février 2014. La langue russe se voit donc retirer le statut de langue officielle dans 13 des 27 régions (essentiellement au sud et à l’est de l’Ukraine). Les protestations de russophones sont réprimées. Le 2 mai 2014 à Odessa, 42 d’entre eux périssent brûlés vifs par des groupes nazis dans la Maison des Syndicats5 . Et dans les deux régions russophones de l’Est, Donesk et Lougansk, la colère gronde faisant vite grossir le courant autonomiste.
A partir de ce moment, le bras de fer entre les deux Grands va se déplacer vers le terrain de la guerre, avec pour conséquence inévitable la spirale de l’escalade pouvant dans le cas présent déboucher aussi sur sa mondialisation, ce qui est déjà le cas de la guerre économique et médiatique.
Le 28 février 2014, la Russie annexe la Crimée, où se trouve la base navale stratégique de Sébastopol que la Russie louait jusque-là à l’Ukraine. Sans effusion de sang, l’annexion est légalisée un mois plus tard par un référendum sans surprise : la Crimée est quasi-totalement russophone. Elle avait été incluse en 1954 dans l’Ukraine soviétique par Nikita Khrouchtchev, chef de l’URSS (Union des Républiques Socialistes, soviétiques), évidemment sans demander l’avis de la population. Le 11 mars 2014, le parlement de Crimée déclare l’indépendance de ‘’la République de Crimée’’. Ottomane avant de devenir russe par la conquête de Catherine II, elle n’avait jamais été ukrainienne. La jurisprudence Kosovo (région albanophone détachée de la Serbie, par la force de l’OTAN) délégitime le refus occidental de reconnaître cet état de fait.
La guerre, la vraie cette fois, se poursuit en avril 2014 dans les deux régions russophones du Donetsk et de Lougansk, qui en mai voteront aussi pour leur autonomie. Les autorités de Kiev lancent une « opération antiterroriste » pour y déloger les ‘’rebelles’’. Après plusieurs défaites humiliantes (milliers de prisonniers et capture de nombreux chars), les troupes gouvernementales sont remplacées par des bataillons, dont le fameux Azov, revendiquant vestimentairement leur affiliation idéologique au nazisme.
Huit années d’une guerre de position appuyée par l’artillerie durant laquelle périssent 10 000 combattants des deux côtés, et 4000 civils parmi une population russophone, expressément ciblée, qui s’installe durablement dans des caves-abris. Le silence assourdissant des grands médias rend aphone l’opinion publique mondiale.
L’appel d’Amnesty International dénonçant le blocage de convois d’aide humanitaire par les bataillons Aidar, Donbass et Dnipro-1 est inaudible. Le film ‘’Donbass’’ de la journaliste française Anne-Laure Bonnel est refusé par toutes les chaînes françaises6 .
Ce film commence par le fameux discours d’Odessa de l’industriel du chocolat Porochenko, devenu président suite au coup de force contre le président Ianoukovytch. D’une extrême violence, il donne idée des divers aspects de cette guerre, territoriale et culturelle. S’adressant à ses supporters, on l’entend menacer les partisans de la sécession sur un ton on ne peut plus vindicatif : « Nous aurons du travail et pas eux ! Nous aurons des retraites et eux non ! Nous aurons des avantages pour les enfants et les retraités, eux non ! Nos enfants iront à l’école et dans les garderies ! Leurs enfants iront dans les caves ! Parce qu’ils ne savent rien faire ! Et c’est comme ça, précisément comme ça, que nous gagnerons cette guerre….’’.
Deux Accords de cessez-le-feu sont signés sous l’égide de l’OSCE : Minsk 1 (septembre 2014) et Minsk 2 (février 2015).
Après la signature du Protocole de Minsk 1, les combattants du bataillon Aidar annoncent leur volonté de poursuivre le combat, et « le président ukrainien Porochenko lance une vaste « opération ‘’antiterroriste’’ contre le Donbass. », selon un cadre de l’OTAN, responsable de la lutte contre la prolifération des armes légères, chargé de vérifier s’il y a eu des livraisons d’armes russes aux rebelles7 .
Les Accords de Minsk 2 stipulent notamment que les deux républiques du Donbass disposeront d’une autonomie importante dans le cadre de l’Ukraine, et que le russe deviendra leur langue officielle. Aboutissement de négociations avec le quatuor (appelé aussi ‘’format Normandie’’) Allemagne, France, Russie et Ukraine, ces Accords suscitent un immense espoir dans l’ensemble du peuple russophone et ukrainophone et auraient pu mettre fin à la guerre et à son escalade.
Sauf que… comme le dit crûment l’expert à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et ex-ambassadeur de France à Moscou, Jean de Gliniasty, le principal problème c’est que « ce format est paralysé depuis huit ans parce que les Ukrainiens n’en veulent pas. »8 .
Ce que confirme l’ex-ambassadeur américain Jack Matlock : « Le gouvernement ukrainien a clairement indiqué qu’il n’avait pas l’intention de mettre en œuvre l’accord conclu en 2015 pour la réunification des provinces du Donbass au sein de l’Ukraine avec un large degré d’autonomie locale – un accord garanti par la Russie, la France et l’Allemagne, que les États-Unis ont approuvé »9 .
Approuvé ? Hypocritement alors, car pour moi les véritables fossoyeurs de ces Accords de Minsk sont bien les USA, qui manifestement ne veulent pas d’une Europe qui prendrait trop d’initiatives.
‘’Fuck the UE!’’ s’était exclamée en 2014 la Secrétaire d’État adjointe aux affaires européennes et eurasiennes, Victoria Nuland. Et l’ex-ambassadeur français Maurice Gourdault-Montagne raconte comment quelques années plus tôt, la secrétaire d’Etat Condoleza Rice le rabroua, quand il lui présenta un plan approuvé par Jacques Chirac, garantissant une protection croisée de l’Ukraine par la Russie et l’OTAN10 .
Et pour ce qui est des Accords de Minsk, la soumission de la France et de l’Allemagne au diktat américain (exprimé indirectement par les dirigeants ukrainiens) alors qu’ils étaient les garants du gouvernement ukrainien (comme la Russie l’était pour les ‘’rebelles’’ russophones) leur font d’ores et déjà endosser une très grave responsabilité historique dans la nouvelle phase géopolitique de ce conflit qui a démarré le 24 Février dernier.
Jean-Pierre Lledo
Retrouvez ici la partie 3
Est-il encore possible de penser ? – Partie 3
ParJean-Pierre Lledo
8 avril 2022
Est-il encore possible de penser ? – Partie 3
ParJean-Pierre Lledo
8 avril 2022
Plus d’un mois après le début de l’offensive russe en Ukraine, Jean-Pierre Lledo propose de remettre la guerre en perspective dans cette suite de textes en quatre parties, à retrouver chaque jour sur le site de la Revue Politique et Parlementaire. Consultez ici la deuxième partie.
L’effet balancier
Si mon postulat que le monde n’est pas régi par le Droit mais par la Puissance a une quelconque valeur, on peut prédire que l’affrontement actuel ne prendra fin que lorsque le bras de fer, qui se joue depuis ces trois dernières décennies entre les USA et la Russie, n’aura plus aucune chance d’évoluer. Alors viendra le temps du Droit, des négociations et des juristes, et l’on se demandera alors mais pourquoi donc avait-il fallu attendre si longtemps pour arriver à des solutions raisonnables, et causer tant de souffrances aux hommes et aux villes ? Malheureusement le Droit sert plus à entériner un état de fait qu’à prévenir une catastrophe. Quand la Puissance s’impose, le Droit pose. C’est ce que j’appellerais ‘’l’effet balancier’’, et le balancier ne s’est pas encore stabilisé.
Ce qui est sûr, c’est que la problématique agresseur / agressé qui se refuse à envisager la composante géopolitique est un obstacle conceptuel majeur à la paix. Les USA ont réussi à l’imposer à l’Europe et à ses grands médias, comme seule grille de compréhension. Et cela ne nous rapprochera pas de l’issue. Mais n’est-ce pas là sa raison d’être ? Essayons donc plutôt d’examiner les conséquences de la problématique du bras de fer entre les deux grandes puissances USA / Russie dans le confit actuel.
En 1997, Brzeziński dans ‘’Le Grand échiquier’’ considérait que l’Ukraine est une pièce majeure pour les deux grands et ce pour des raisons différentes.
Une Ukraine dans le camp américain priverait la Russie de sa puissance européenne.
Une Ukraine dans le camp russe fragiliserait une Europe déjà assez bancale. Un autre géopoliticien américain, John Mearsheimer, lui, en déduit que si l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine est pour la Russie une menace existentielle, ce pays ne représente quasiment aucun enjeu pour les USA… protégés par deux immenses océans, ajouterais-je. A moins que… à moins que l’inquiétude américaine porte sur une possible alliance russo-allemande, perspective qui pourrait faire sourire à première vue, mais que Brzeziński abordait sans complexe il y a déjà 15 ans, et qui effectivement remettrait en cause l’espace européen, tel qu’il s’est construit jusqu’à présent1 .
C’est aussi l’hypothèse d’un troisième géopoliticien américain, Georges Friedman. Pour lui, le but stratégique suprême des Américains est la remise en cause d’une alliance russo-allemande. L’union du capital financier et technologique allemand et des ressources de matières premières russes, ferait de ce bloc une puissance mondiale alternative, la seule en mesure de contester aux États-Unis leur position dominante.
Les choses s’éclaircissent, non ?
Notons que ce jugement a été émis en 20152 , et qu’il ne peut pas ne pas résonner avec l’hostilité radicale des USA concernant le pipe-line NordStream 2, achevé mais dont la mise en service a été stoppée avant même le début de la guerre, et qui devait établir une liaison directe, par la Baltique, entre la Russie et l’Allemagne3 . « Une arme dangereuse, non seulement pour l’Ukraine mais pour toute l’Europe, une arme géopolitique dangereuse du Kremlin » disait la Voix de ses Maîtres Biden-Obama, en août 2021, le Président ukrainien.
Et en attendant, comme le reste des Européens, Zelensky peut toujours se chauffer au bon gaz russe… qui continue de couler à flots. Car la Russie n’en a jamais vendu autant que depuis qu’elle est sanctionnée : 30% de plus. Quant aux Américains, ils ne sont pas en reste : « Les sanctions américaines ne sont pas un obstacle aux paiements de la Russie en dollars », précise le Washington Post. « Le ministère des Finances a publié une directive début mars autorisant les investisseurs américains à recevoir des intérêts sur la dette russe jusqu’au 25 mai. ».
Faites ce que je dis, pas ce que je fais.
L’Ukraine, la grande perdante
La Russie n’a jamais fait mystère de ses objectifs. Avant la crise actuelle, elle voulait avoir l’assurance que le processus d’élargissement de l’OTAN cesse et que ni la Géorgie ni l’Ukraine n’en soient membres, assurance que le président Biden lui a refusée, comme le rappelle l’ex-ambassadeur américain Jack Matlock4 .
Depuis son intervention, à la neutralité de l’Ukraine (c’est-à-dire non-intégration dans l’OTAN), se sont ajoutées démilitarisation, dénazification et autodétermination des régions russophones.
Ne remettant pas en cause la souveraineté de l’Ukraine, elle appelle son intervention une ‘’opération’’ et non une ‘’guerre’’. Ceux qui ironisent sur la terminologie auraient dû aussi le faire en 2014, lorsque le président Porochenko lança contre les russophones du Donbass des ‘’opérations’’ qui ont duré 8 ans et ont fait 14 000 morts.
Dans la bouche des Russes aujourd’hui, cela semble signifier des objectifs bien plus limités que destituer l’actuel pouvoir (héritier pourtant du putsch de Maidan en 2014), ou conquérir l’Ukraine. Et depuis le 24 Février, nous voyons lentement mais sûrement les troupes russes prendre le contrôle de toutes les parties fortement russophones du Nord, de l’Est et du Sud de l’Ukraine. Pour rattacher ces parties à la Russie ou comme monnaie d’échange dans des négociations ?
Croire que l’armée ukrainienne, ses milices néonazies certes très aguerries au combat, et ses civils, patriotes mais sans expérience, seront en mesure de stopper la machine militaire russe, relève du fantasme. Seules deux éventualités peuvent être envisagées. La Russie assommée, asphyxiée par les sanctions, jette les gants. Ou bien l’OTAN et les USA contre-attaquent militairement. Or ces deux scénarios sont impensables. Et le premier à le savoir est Zelenski qui, devant le forum de Doha au Qatar, samedi 26 mars, vient de se demander, dépité, si l’OTAN n’était pas dirigée par Moscou5 !
Ils sont impensables, car la Russie a l’expérience des privations et des guerres, une profondeur territoriale stratégique que n’a pas l’Europe, et un arsenal nucléaire plus que dissuasif. Et puis y a-t-il un chef d’Etat européen qui envisagerait que la belle Europe se transforme en champ de ruines ? Dresden au mieux, Hiroshima-Nagasaki au pire. Je ne le crois pas.
Aussi les appels puérils de Zelenski durant sa tournée-vidéo des parlements, non pour l’aider à mieux négocier la paix avec la Russie, mais pour faire intervenir l’OTAN, est pour moi de la dernière irresponsabilité et frise la stupidité absolue. Jouer les va-t-en guerre en visioconférence peut amuser l’Ours russe mais n’empêchera pas, au contraire, que chaque jour qui passe réduira la marge de manœuvres du gouvernement ukrainien durant les négociations à venir. Il vaudrait donc mieux que le comédien Zelensky abandonne le tee-shirt et le treillis, et se redéguise en costume-cravate pour aller vite négocier avec Poutine… tant qu’il y a quelque chose à négocier.
La partition américaine est beaucoup plus obscure. Principal conseilleur de Zelensky, que veulent obtenir (par procuration) les USA ? L’affaiblissement de la Russie ? Mais cela est une constante de la politique étrangère américaine6 . Ou celui de l’Europe ? Mais que se passerait-il si la Russie décidait de couper son gaz ? L’Allemagne s’est déjà empressée de l’assurer qu’elle ne participerait pas au boycott bancaire. Exporter ‘’la démocratie’’ ? Mais quid des méthodes putschistes, certains diraient ‘’bolcheviques’’, utilisées par les USA en Ukraine ? Quid des résultats obtenus dans les autres pays ex-socialistes ?
Loin d’être un processus historique long et ardu permettant l’évolution profonde des idées et des mentalités, la protection des droits individuels, ainsi que la lutte sans merci contre les pratiques mafieuses, la démocratie serait-elle au bout des standards LGBTiens, ou des magouilles en coulisses de la CIA ?
Car en matière d’Etat de droit, l’Ukraine a encore beaucoup à faire. C’est le moins que l’on puisse dire.
Règne des oligarques et corruption à laquelle Zelensky lui-même, semblerait-il, n’a pas échappé. « Si le PIB par habitant n’y est que de 3 000 dollars, ce n’est pas du fait de la Russie… », rappelait récemment le directeur de l’IRS, Pascal Boniface. Barbouzerie : en avril 2021, Nikolai Chaus, l’ancien juge de Kiev réfugié en Moldavie est enlevé par les services secrets ukrainiens. Ce juge avait envoyé derrière les barreaux un oligarque.
Gangstérisme politique : A Kryvyi Rih, le 15 août 2021, le Maire Konstantin Pavlov est ‘’suicidé dans sa véranda’’ (une balle dans la tête), puis le 18 octobre, son frère Andrei Pavlov est retrouvé mort dans son propre appartement. Enfin le 10 Novembre 2021, Boris Pavlov, son cousin, ‘’se pend’’. Elena, la veuve du Maire, se voit obligée de déclarer que ni elle, ni les membres de sa famille n’ont de pulsions suicidaires.
Crash du Boeing MH-17 de la Malaysia Airlines (296 morts) au-dessus du Donbass, le 17 juillet 2014 : tentative d’accuser la Russie déjouée par le Premier ministre malaisien7 .
And last, but not least, le Bidengate : en 2014, Hunter Biden, le fils du Vice-Président d’Obama, est nommé pour son nom au conseil d’administration de Burisma, un groupe gazier ukrainien. Viktor Shokin mène une enquête sur la corruption au sein de cette société. Le Président Porochenko lui demande de la clore. Et comme il refuse, le Président lui demande de démissionner par ‘’patriotisme sinon les USA (via Biden) refuseront de libérer le milliard de dollars promis à l’Ukraine’’. Après son renvoi, Joe Biden se vante publiquement de l’avoir fait virer (Voir la vidéo8 ).
Avec de tels Maîtres en Démocratie, il est sûr que les Ukrainiens vont vite se déniaiser.
La tentative d’isoler la Russie ne fera pas non plus progresser la démocratie, alors que justement sa société civile était en train de se structurer par le biais associatif. Sans parler de l’hystérie antirusse actuelle qui s’en prend indifféremment aux athlètes (suspension de l’équipe russe des handicapés aux Jeux Paralympiques), aux artistes (Le Bolchoï déprogrammé à l’Opéra Royal de Londres), aux écoliers (fermeture d’écoles russes), aux étudiants (à l’université Danemark Sud, les accords d’échange sont suspendus à la fin de ce semestre. Les étudiants et enseignants-chercheurs russes et biélorusses devront déguerpir). On s’en prend même à des morts : Dostoevski (annulation d’un cours sur l’écrivain à Milan) et Soljenitsyne (des enseignants d’Aizenay, en Vendée, tentent de débaptiser leur collège) !
Ah, j’oubliais, aussi sus à la vodka.
« Il faut le dire clairement : l’Occident est en guerre contre la Russie. » constate amèrement l’écrivain russo-français Andrei Makine9 .
Le Russe aurait-il détrôné le Juif ?
Dans ce bras de fer entre les USA et la Russie, que fera l’Europe ?
Continuera-t-elle à appliquer les consignes américaines et à suivre des va-t-en guerre irresponsables ? Ou saura-t-elle user de son capital cartésien, de sa mémoire des guerres et être un meilleur conseilleur de Zelensky ? En un mot, saura-t-elle être soucieuse de ses propres intérêts, compte tenu du fait qu’en politique la géographie joue un rôle au moins aussi important que l’histoire et que Moscou, c’est plus grand vu de Paris ou de Berlin que de New York ?
En tout cas, plus vite se dévassalisera-t-elle, plus vite fera-t-elle entendre un son de cloche indépendant, plus forte s’élaborera une perspective solide de paix. De par sa dimension eurasienne, la Russie pourrait jouer un rôle dans la lutte actuelle contre la menace numéro 1 de l’islamisme (iranien et autre), et dans les affrontements à venir avec la Chine (économiques, mais pas seulement). Or selon moi, les USA de Biden-Obama, par une subtile erreur d’aiguillage, sont en train de faire dérailler l’Europe.
Dommage, il n’y a plus de grands leaders. Il est temps que les Européens en inventent de vrais. En attendant, les sociétés de publicités européennes et américaines ne se sont jamais autant enrichies. L’audimat des souffrances du peuple ukrainien est terriblement bien coté à Wall Street… du peuple ukrainien non-russophone, faut-il le préciser ?
Mais quand écoutera-t-on ce vieux Juif ukrainien d’Odessa, citant ce proverbe : Mauvaise paix vaut mieux que bonne dispute 10 ? Il y a fort peu de chances, vu que je viens de le vérifier sur internet, il s’agit d’un proverbe… russe.
Jean-Pierre Lledo
Plus d’un mois après le début de l’offensive russe en Ukraine, Jean-Pierre Lledo propose de remettre la guerre en perspective dans cette suite de textes en quatre parties, à retrouver chaque jour sur le site de la Revue Politique et Parlementaire.
L’effet balancier
Si mon postulat que le monde n’est pas régi par le Droit mais par la Puissance a une quelconque valeur, on peut prédire que l’affrontement actuel ne prendra fin que lorsque le bras de fer, qui se joue depuis ces trois dernières décennies entre les USA et la Russie, n’aura plus aucune chance d’évoluer. Alors viendra le temps du Droit, des négociations et des juristes, et l’on se demandera alors mais pourquoi donc avait-il fallu attendre si longtemps pour arriver à des solutions raisonnables, et causer tant de souffrances aux hommes et aux villes ? Malheureusement le Droit sert plus à entériner un état de fait qu’à prévenir une catastrophe. Quand la Puissance s’impose, le Droit pose. C’est ce que j’appellerais ‘’l’effet balancier’’, et le balancier ne s’est pas encore stabilisé.
Ce qui est sûr, c’est que la problématique agresseur / agressé qui se refuse à envisager la composante géopolitique est un obstacle conceptuel majeur à la paix. Les USA ont réussi à l’imposer à l’Europe et à ses grands médias, comme seule grille de compréhension. Et cela ne nous rapprochera pas de l’issue. Mais n’est-ce pas là sa raison d’être ? Essayons donc plutôt d’examiner les conséquences de la problématique du bras de fer entre les deux grandes puissances USA / Russie dans le confit actuel.
En 1997, Brzeziński dans ‘’Le Grand échiquier’’ considérait que l’Ukraine est une pièce majeure pour les deux grands et ce pour des raisons différentes.
Une Ukraine dans le camp américain priverait la Russie de sa puissance européenne.
Une Ukraine dans le camp russe fragiliserait une Europe déjà assez bancale. Un autre géopoliticien américain, John Mearsheimer, lui, en déduit que si l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine est pour la Russie une menace existentielle, ce pays ne représente quasiment aucun enjeu pour les USA… protégés par deux immenses océans, ajouterais-je. A moins que… à moins que l’inquiétude américaine porte sur une possible alliance russo-allemande, perspective qui pourrait faire sourire à première vue, mais que Brzeziński abordait sans complexe il y a déjà 15 ans, et qui effectivement remettrait en cause l’espace européen, tel qu’il s’est construit jusqu’à présent1 .
C’est aussi l’hypothèse d’un troisième géopoliticien américain, Georges Friedman. Pour lui, le but stratégique suprême des Américains est la remise en cause d’une alliance russo-allemande. L’union du capital financier et technologique allemand et des ressources de matières premières russes, ferait de ce bloc une puissance mondiale alternative, la seule en mesure de contester aux États-Unis leur position dominante.
Les choses s’éclaircissent, non ?
Notons que ce jugement a été émis en 20152 , et qu’il ne peut pas ne pas résonner avec l’hostilité radicale des USA concernant le pipe-line NordStream 2, achevé mais dont la mise en service a été stoppée avant même le début de la guerre, et qui devait établir une liaison directe, par la Baltique, entre la Russie et l’Allemagne3 . « Une arme dangereuse, non seulement pour l’Ukraine mais pour toute l’Europe, une arme géopolitique dangereuse du Kremlin » disait la Voix de ses Maîtres Biden-Obama, en août 2021, le Président ukrainien.
Et en attendant, comme le reste des Européens, Zelensky peut toujours se chauffer au bon gaz russe… qui continue de couler à flots. Car la Russie n’en a jamais vendu autant que depuis qu’elle est sanctionnée : 30% de plus. Quant aux Américains, ils ne sont pas en reste : « Les sanctions américaines ne sont pas un obstacle aux paiements de la Russie en dollars », précise le Washington Post. « Le ministère des Finances a publié une directive début mars autorisant les investisseurs américains à recevoir des intérêts sur la dette russe jusqu’au 25 mai. ».
Faites ce que je dis, pas ce que je fais.
L’Ukraine, la grande perdante
La Russie n’a jamais fait mystère de ses objectifs. Avant la crise actuelle, elle voulait avoir l’assurance que le processus d’élargissement de l’OTAN cesse et que ni la Géorgie ni l’Ukraine n’en soient membres, assurance que le président Biden lui a refusée, comme le rappelle l’ex-ambassadeur américain Jack Matlock4 .
Depuis son intervention, à la neutralité de l’Ukraine (c’est-à-dire non-intégration dans l’OTAN), se sont ajoutées démilitarisation, dénazification et autodétermination des régions russophones.
Ne remettant pas en cause la souveraineté de l’Ukraine, elle appelle son intervention une ‘’opération’’ et non une ‘’guerre’’. Ceux qui ironisent sur la terminologie auraient dû aussi le faire en 2014, lorsque le président Porochenko lança contre les russophones du Donbass des ‘’opérations’’ qui ont duré 8 ans et ont fait 14 000 morts.
Dans la bouche des Russes aujourd’hui, cela semble signifier des objectifs bien plus limités que destituer l’actuel pouvoir (héritier pourtant du putsch de Maidan en 2014), ou conquérir l’Ukraine. Et depuis le 24 Février, nous voyons lentement mais sûrement les troupes russes prendre le contrôle de toutes les parties fortement russophones du Nord, de l’Est et du Sud de l’Ukraine. Pour rattacher ces parties à la Russie ou comme monnaie d’échange dans des négociations ?
Croire que l’armée ukrainienne, ses milices néonazies certes très aguerries au combat, et ses civils, patriotes mais sans expérience, seront en mesure de stopper la machine militaire russe, relève du fantasme. Seules deux éventualités peuvent être envisagées. La Russie assommée, asphyxiée par les sanctions, jette les gants. Ou bien l’OTAN et les USA contre-attaquent militairement. Or ces deux scénarios sont impensables. Et le premier à le savoir est Zelenski qui, devant le forum de Doha au Qatar, samedi 26 mars, vient de se demander, dépité, si l’OTAN n’était pas dirigée par Moscou5 !
Ils sont impensables, car la Russie a l’expérience des privations et des guerres, une profondeur territoriale stratégique que n’a pas l’Europe, et un arsenal nucléaire plus que dissuasif. Et puis y a-t-il un chef d’Etat européen qui envisagerait que la belle Europe se transforme en champ de ruines ? Dresden au mieux, Hiroshima-Nagasaki au pire. Je ne le crois pas.
Aussi les appels puérils de Zelenski durant sa tournée-vidéo des parlements, non pour l’aider à mieux négocier la paix avec la Russie, mais pour faire intervenir l’OTAN, est pour moi de la dernière irresponsabilité et frise la stupidité absolue. Jouer les va-t-en guerre en visioconférence peut amuser l’Ours russe mais n’empêchera pas, au contraire, que chaque jour qui passe réduira la marge de manœuvres du gouvernement ukrainien durant les négociations à venir. Il vaudrait donc mieux que le comédien Zelensky abandonne le tee-shirt et le treillis, et se redéguise en costume-cravate pour aller vite négocier avec Poutine… tant qu’il y a quelque chose à négocier.
La partition américaine est beaucoup plus obscure. Principal conseilleur de Zelensky, que veulent obtenir (par procuration) les USA ? L’affaiblissement de la Russie ? Mais cela est une constante de la politique étrangère américaine6 . Ou celui de l’Europe ? Mais que se passerait-il si la Russie décidait de couper son gaz ? L’Allemagne s’est déjà empressée de l’assurer qu’elle ne participerait pas au boycott bancaire. Exporter ‘’la démocratie’’ ? Mais quid des méthodes putschistes, certains diraient ‘’bolcheviques’’, utilisées par les USA en Ukraine ? Quid des résultats obtenus dans les autres pays ex-socialistes ?
Loin d’être un processus historique long et ardu permettant l’évolution profonde des idées et des mentalités, la protection des droits individuels, ainsi que la lutte sans merci contre les pratiques mafieuses, la démocratie serait-elle au bout des standards LGBTiens, ou des magouilles en coulisses de la CIA ?
Car en matière d’Etat de droit, l’Ukraine a encore beaucoup à faire. C’est le moins que l’on puisse dire.
Règne des oligarques et corruption à laquelle Zelensky lui-même, semblerait-il, n’a pas échappé. « Si le PIB par habitant n’y est que de 3 000 dollars, ce n’est pas du fait de la Russie… », rappelait récemment le directeur de l’IRS, Pascal Boniface. Barbouzerie : en avril 2021, Nikolai Chaus, l’ancien juge de Kiev réfugié en Moldavie est enlevé par les services secrets ukrainiens. Ce juge avait envoyé derrière les barreaux un oligarque.
Gangstérisme politique : A Kryvyi Rih, le 15 août 2021, le Maire Konstantin Pavlov est ‘’suicidé dans sa véranda’’ (une balle dans la tête), puis le 18 octobre, son frère Andrei Pavlov est retrouvé mort dans son propre appartement. Enfin le 10 Novembre 2021, Boris Pavlov, son cousin, ‘’se pend’’. Elena, la veuve du Maire, se voit obligée de déclarer que ni elle, ni les membres de sa famille n’ont de pulsions suicidaires.
Crash du Boeing MH-17 de la Malaysia Airlines (296 morts) au-dessus du Donbass, le 17 juillet 2014 : tentative d’accuser la Russie déjouée par le Premier ministre malaisien7 .
And last, but not least, le Bidengate : en 2014, Hunter Biden, le fils du Vice-Président d’Obama, est nommé pour son nom au conseil d’administration de Burisma, un groupe gazier ukrainien. Viktor Shokin mène une enquête sur la corruption au sein de cette société. Le Président Porochenko lui demande de la clore. Et comme il refuse, le Président lui demande de démissionner par ‘’patriotisme sinon les USA (via Biden) refuseront de libérer le milliard de dollars promis à l’Ukraine’’. Après son renvoi, Joe Biden se vante publiquement de l’avoir fait virer (Voir la vidéo8 ).
Avec de tels Maîtres en Démocratie, il est sûr que les Ukrainiens vont vite se déniaiser.
La tentative d’isoler la Russie ne fera pas non plus progresser la démocratie, alors que justement sa société civile était en train de se structurer par le biais associatif. Sans parler de l’hystérie antirusse actuelle qui s’en prend indifféremment aux athlètes (suspension de l’équipe russe des handicapés aux Jeux Paralympiques), aux artistes (Le Bolchoï déprogrammé à l’Opéra Royal de Londres), aux écoliers (fermeture d’écoles russes), aux étudiants (à l’université Danemark Sud, les accords d’échange sont suspendus à la fin de ce semestre. Les étudiants et enseignants-chercheurs russes et biélorusses devront déguerpir). On s’en prend même à des morts : Dostoevski (annulation d’un cours sur l’écrivain à Milan) et Soljenitsyne (des enseignants d’Aizenay, en Vendée, tentent de débaptiser leur collège) !
Ah, j’oubliais, aussi sus à la vodka.
« Il faut le dire clairement : l’Occident est en guerre contre la Russie. » constate amèrement l’écrivain russo-français Andrei Makine9 .
Le Russe aurait-il détrôné le Juif ?
Dans ce bras de fer entre les USA et la Russie, que fera l’Europe ?
Continuera-t-elle à appliquer les consignes américaines et à suivre des va-t-en guerre irresponsables ? Ou saura-t-elle user de son capital cartésien, de sa mémoire des guerres et être un meilleur conseilleur de Zelensky ? En un mot, saura-t-elle être soucieuse de ses propres intérêts, compte tenu du fait qu’en politique la géographie joue un rôle au moins aussi important que l’histoire et que Moscou, c’est plus grand vu de Paris ou de Berlin que de New York ?
En tout cas, plus vite se dévassalisera-t-elle, plus vite fera-t-elle entendre un son de cloche indépendant, plus forte s’élaborera une perspective solide de paix. De par sa dimension eurasienne, la Russie pourrait jouer un rôle dans la lutte actuelle contre la menace numéro 1 de l’islamisme (iranien et autre), et dans les affrontements à venir avec la Chine (économiques, mais pas seulement). Or selon moi, les USA de Biden-Obama, par une subtile erreur d’aiguillage, sont en train de faire dérailler l’Europe.
Dommage, il n’y a plus de grands leaders. Il est temps que les Européens en inventent de vrais. En attendant, les sociétés de publicités européennes et américaines ne se sont jamais autant enrichies. L’audimat des souffrances du peuple ukrainien est terriblement bien coté à Wall Street… du peuple ukrainien non-russophone, faut-il le préciser ?
Mais quand écoutera-t-on ce vieux Juif ukrainien d’Odessa, citant ce proverbe : Mauvaise paix vaut mieux que bonne dispute 10 ? Il y a fort peu de chances, vu que je viens de le vérifier sur internet, il s’agit d’un proverbe… russe.
Jean-Pierre Lledo
Est-il encore possible de penser ? – Partie 4
Par Jean-Pierre Lledo
9 avril 2022
Plus d’un mois après le début de l’offensive russe en Ukraine, Jean-Pierre Lledo propose de remettre la guerre en perspective dans cette suite de textes en quatre parties, à retrouver chaque jour sur le site de la Revue Politique et Parlementaire. Consultez ici la troisième partie.
Le Signe Ukro-Juif
Impossible de l’esquiver, tant il a été brandi, d’abord par Zelensky, ensuite par quelques autres dont, en France, l’activiste Henri-Levy.
Le premier, qui a baptisé ses deux enfants dans une Eglise, s’est soudain rappelé de sa judéité, et afin de s’attirer une compassion facile s’est mis à identifier l’Ukraine au Juif, et la Russie à Hitler. Bien visé. Dans cette Europe qui fut le cimetière des Juifs, on les adore, précisément quand ils sont morts… Et alors que l’Europe s’était effondrée, avait collaboré, avec seulement quelques dizaines de milliers de résistants pour sauver l’honneur, mais incapable d’éviter l’extermination des Juifs, la favorisant même, les Russes eux l’avaient libérée, payant extrêmement cher la note, plus de 20 millions de morts.
Aussi, quand à la Knesset israélienne on a entendu Zelensky invoquer l’immense charnier Babi Yar, sans dire que beaucoup trop d’Ukrainiens y avaient contribué, que les Kapos ukrainiens des camps de concentration et d’extermination étaient les pires, que l’antisémitisme ukrainien à une très longue histoire multiséculaire de Bohdan-Khmelnytsky à Stepan Bandera en passant par Symon Petliura, tous trois Héros nationaux de l’actuelle et ‘’éternelle’’ Ukraine, célébrés par des Statues et des Marches au flambeau (300 000 morts du 17ème siècle à avant l’épisode nazi), un seul cri a jailli de combien de Juifs d’Israël et du monde : Quelle Khoutspa ! Quel culot !
Pour être un peu plus crédible et éviter de se faire prendre pour un petit démagogue opportuniste, Zelensky n’aurait-il pas dû, une fois bien assis à son poste, commencer par affronter idéologiquement les courants politiques et paramilitaires de type national-socialiste ?
Car loin d’être en quantité négligeable, avec plus de 100 000 adhérents, ils polluent tous les champs, économique, financier, politique, médiatique et militaire. Et comme BHL passe son temps à minimiser leur importance et à les cachériser, j’aimerais lui conseiller de parfaire ses connaissances avant d’ouvrir la bouche. Commençons par celui avec lequel il s’est affiché récemment dans les rues d’Odessa, Maxim Marchenko, nouveau gouverneur, mais ancien commandant du Bataillon Aidar de 2015 à 2017. Selon la même journaliste de France-Inter citée ci-dessus, c’est un groupe paramilitaire « qui a combattu dans le Donbass pour mater l’insurrection prorusse. Certains hommes et dirigeants de cette unité ont été vus arborant des symboles nazis et quelques-uns sont aujourd’hui des élus de partis d’extrême droite. »
Cela n’était pourtant pas un secret. « En 2014, Amnesty International et l’OSCE accusent le bataillon de violations des droits de l’homme, de détentions arbitraires, d’exécutions de civils, de prisonniers, de vols, rackets, et d’autres actions pouvant être traduit comme des crimes de guerre. Un autre rapport d’Amnesty International dénonce que les paramilitaires pro-européens, dont ceux du Bataillon Aidar, commettent des actes de crimes de guerres en exécutant des otages et des prisonniers pro-russes en leur coupant la tête ». (Wikipédia donne les références)1 .
De plus, dans son numéro 3594, le fameux magazine ELLE faisait sa Une avec Sveta, une belle blonde en treillis et armée, présentée dans le reportage comme une ‘’combattante du Bataillon Aidar, rencontrée le 2 octobre 2014, sur la ligne de front près de la ville de Lougansk’’2 . Or ‘’Sveta’’ est vite démasquée sur les réseaux sociaux… Vita Zaverukha, de son vrai nom, peut être aperçue posant aux côtés de groupes néonazis.
La ‘’notoriété’’ du Bataillon Aidar ou Azov ne devrait pas non plus éclipser celle des autres groupes ukronazis (mais comportant beaucoup d’étrangers de pareille conviction) qui se sont aussi distingués par leur cruauté. Armés, financés et formés par les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, la France et d’autres pays de l’OTAN, comme par exemple le groupe Centuria3 . En Octobre 2021, le Jerusalem Post s’en alarmait4 .
Le Centre Simon Wisenthal, dont l’objet est de faire la chasse aux chefs nazis qui se sont éparpillés dans le monde, et de combattre les mouvements contemporains néo-nazis, classa Oleg Tiagnybok, le chef du parti Svoboda, dans le Top 10 des antisémites mondiaux pour ses propos visant à « purger l’Ukraine des 400 000 Juifs et autres minorités qui s’y trouvent » et dénonçant la « mafia Judéo-Moscovite ». Ce parti atteignit 10% des voix aux législatives de 2012, mais 30% des voix en Galicie (et 1% dans l’Est, apparemment le fascisme n’a pas la cote dans cette région).
Le Congrès Juif Mondial et la Knesset israélienne s’adressèrent à de multiples reprises aux autorités ukrainiennes pour que le chef de Svoboda ne puisse entrer dans le gouvernement. En vain5 . Laurent Fabius dira le 11 Mars 2014 sur France-Inter : ‘’Il y a dans le gouvernement trois membres du parti Svoboda qui est un parti… plus à droite que les autres, mais l’extrême-droite n’est pas au sein du gouvernement.’’
Chers lecteurs, vous devez absolument regarder cette vidéo qui lui apporte un total démenti et où vous pourrez voir comment Oleg Tiagnybok fut décoré en 2010 de la Croix d’or des Vétérans de la Division SS Galicie, à quoi ressemblait le logo de son parti, et comment il est reçu en Février 2014 par Catherine Ashton de l’Union Européenne, en Mars 2018 par le ministre des affaires étrangères français Le Drian. Il est vrai que ce refus de voir et de dire a été aussi partagé par les grands médias, tel Le Monde, avec son correspondant Piotr Smolar qui sévit aussi longtemps en Israël par sa mauvaise foi et son propagandisme6 .
Mais en 2014, BHL nous assure, lui, qu’il n’a pas vu tous ces sigles de néonazis sur la Place Maidan !
Pourtant toujours sur cette place Maidan, le journal israélien Haaretz, lui, avait vu que Svoboda et Pravy Sektor avaient distribué des traductions récentes de Mein Kampf et des Protocoles des Sages de Sion7 .
BHL n’a pas dû être invité à la cérémonie où Zelensky décora de l’Ordre de l’étoile d’or Dimytro Kotsyubail, le chef de ce groupe paramilitaire néo-nazi Pravy Sektor qui se distingua dans le massacre d’Odessa en 2014, brûlant vifs 42 Ukrainiens russophones à la Maison des Syndicats. Il ignore sans doute aussi que cette organisation se présente comme l’héritière de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne, qui a combattu pendant la Seconde Guerre mondiale contre l’Union soviétique et pour les forces de l’Axe.
Bien entendu, BHL n’a jamais croisé l’oligarque milliardaire Ihor Kolomoïsky, ni en Ukraine ni en dehors, lorsque ce dernier dut s’exiler pour échapper à la justice. Dommage, car j’aurais bien aimé qu’il m’explique comment un Juif peut financer des organisations (bataillons Azov et Aidar et Pravy Sektor) fortement gangrénées par la haine antijuive. Surtout qu’il n’est pas qu’un financier, pas que le propriétaire de plusieurs télévisions, pas que le soutien de Zelensky (comme comédien puis comme président), mais qu’il fut aussi le président de la Communauté juive unie d’Ukraine et même, en octobre 2010, le président du Conseil européen des communautés juives8 . Bigre !
Serait-ce pour cette raison que les responsables du judaïsme français, Kalifa du Crif et le grand Rabbin Korsia, font eux aussi l’autruche ? Eux si prompts à excommunier Eric Zemmour qui n’avait fait que reprendre la conclusion de l’historien-rabbin de Jérusalem, Alain Michel : l’on avait tué moins de Juifs dans la France de Pétain qu’ailleurs en Europe.
Ce qui n’était pourtant pas une opinion, mais banalement un fait…
Quant à Zelenski, il fera bientôt l’expérience, à ses dépens, que l’on ne joue pas impunément avec le signe juif. A la moindre occasion, par exemple si des négociations trop tardives menaient à des résultats jugés par les ukro-nazis trop défavorables pour l’Ukraine, l’on verra les antisémites s’en prendre à lui, et à lui retourner la monnaie de sa pièce. Zelensky pourra alors s’honorer d’avoir apporté sa pierre au développement contemporain de l’antisémitisme ukrainien… Maintenu ou éjecté de son poste, il aura du moins appris un peu de géopolitique et que l’on ne joue pas avec un ours comme avec son chat.
Ceci dit, je veux bien être démenti…
Et même contredit par les évènements à venir. Mon désir de comprendre est insatiable. Mikhaïl Gorbatchev avait déclaré peu après la chute de l’URSS : « J’ai fait la pire chose qui pouvait arriver aux États-Unis : je leur ai enlevé leur meilleur ennemi ». Et bien qu’il ait été un des plus brillants dirigeants que la politique ait produit, force est de constater qu’il s’est trompé. La géopolitique transcende les idéologies. Un ennemi de perdu, l’URSS, un autre de retrouvé, la Russie.
Et que l’on ne vienne donc pas me tanner avec ‘’la promotion ou la défense de la démocratie’’. La Puissance cherche à contrôler, pas à convaincre. Par la force, comme on l’a vu, mais mieux encore par l’hégémonie culturelle. Brzeziński y a consacré de nombreuses pages dans son œuvre déjà citée. Et mieux encore, par le déferlement de valeurs, de concepts, et de pratiques destructrices de notre civilisation au socle humaniste qui aujourd’hui se nomment wokisme, décolonialisme, cancel culture, transhumanisme, transgenrisme, eugénisme, clonisme, mise en esclavage des utérus et manipulation génétique, etc…
L’implication des ambassadeurs américains dans ces processus ‘’culturels’’ montrent bien qu’il ne s’agit pas seulement de la circulation naturelle des idées ou d’une mode intellectuelle, mais bien d’une politique d’Etat.
Ainsi que le signale Malika Sorel9 dans son dernier livre ‘’Les Dindons de la farce’’, l’on verra par exemple l’ambassadeur en France Charles Rivkin (2009 – 2013) dépenser beaucoup d’argent pour y introduire le wokisme, la cancel culture, pour faire modifier les programmes scolaires de l’enseignement de l’histoire, pour favoriser le communautarisme et flatter les ‘’diversités’’, en faisant venir par exemple de grands rappeurs américains dans les banlieues pour y encourager l’irrédentisme culturel et le ressentiment militant des enfants immigrés, et en définitive pour remettre en cause le modèle français de laïcité.
A quoi s’ajoutent diverses autres fondations, comme la French-American Foundation et son programme Young Leaders (jeunes leaders). Plus de 400 dirigeants issus du monde de la haute fonction publique, de l’entreprise, des médias, de l’armée et de la recherche y sont passés depuis sa mise en place en 198110 .
Pour revenir à l’Ukraine, où les LGBT ne sont pas très populaires (pour rester dans l’euphémisme), c’est l’ambassadrice Marie Yovanovitch elle-même qui fait la promotion des questions LGBT et qui en 2018 dirigea le contingent du département d’État au défilé de la gay pride de Kiev.
Ne pas se soumettre à ces normes dites ‘’démocratiques’’, c’est risquer d’être pénalisé, voire expulsé de l’Union européenne, mésaventure qui a failli être le lot de la Hongrie, et ce pour avoir adopté une loi interdisant la promotion de l’homosexualité et du transsexualisme chez les enfants dans les médias et écoles.
« En me promenant sur un boulevard de Valence, l’une des plus grandes villes d’Espagne, j’ai vu des bannières accrochées par le gouvernement municipal proclamant qu’ « A Valence, les femmes peuvent avoir des pénis et les hommes des vagins« … Les gens (d’Europe de l’Est) regardent ce qui se passe en Amérique, et ils ont peur. Ils savent qu’il y a une quinzaine d’années, le mariage homosexuel était vendu comme une chose mineure, une question de justice, quelque chose qui n’affecterait personne d’autre, qui ne ferait que faciliter la vie des couples homosexuels engagés. Et ils voient que c’était un mensonge éhonté. Dès que le droit au mariage gay a été obtenu, on est passé au transgendérisme, un projet beaucoup plus radical… Comme l’écrit John Schindler, qui n’est pas un fan des Russes, dans la mesure où les Russes considèrent la guerre comme une bataille dans le choc des civilisations avec l’Occident, ils n’ont pas tort de se concentrer sur ce point (même s’ils sont cyniques, étant donné que l’Ukraine est à peu près aussi anti-LGBT que la Russie).11 »
Donc pour ce qui me concerne, je veux juste ne pas me laisser enfumer.
Car comme je le disais plus avant, quelle que sera l’issue de ce conflit, ‘’l’Etat profond’’ américain en est déjà le véritable vainqueur.
Non seulement il pousse à la poursuite de la guerre, sans se mouiller. Non seulement il a réussi à imposer ses narratifs, même auprès des vigilants (mis à part quelques journalistes, tel André Berkoff, à Sud Radio, que je salue).
Mais surtout, surtout, il a réussi à distraire l’opinion internationale de la menace immédiate qui guette notre civilisation, l’islamisme. Cet islamisme qui se déverse sur l’Europe par flux migratoires ininterrompus depuis un demi-siècle12 , et qui dans ses versions palestinienne et iranienne, menace de destruction Israël sans que l’ONU ne réagisse – une ONU qui fera désormais du 15 mars, chaque année, une « Journée de lutte contre l’islamophobie« , ce qui revient à menacer les menacés. Ça ne s’invente pas !
Et tandis que les sanctions pleuvent sur la Russie afin de « livrer une guerre économique et financière totale à la Russie… et provoquer l’effondrement de l’économie russe », comme le déclara le ministre français de l’économie Bruno Le Maire, dès le 1er Mars (une guerre totale !), l’on s’apprête à lever celles, déjà minimes au regard, contre l’Iran.
L’entité palestinienne continue à être arrosée de partout, pour financer un terrorisme anti-juif au couteau ou à la mitraillette, qui en une semaine vient de coûter la vie à plus d’une dizaine de personnes dans différentes villes d’Israël, un ‘’terrorisme’’ que Libération et l’AFP affublent toujours de guillemets .
Comprenne qui voudra, les Juifs, eux, dans leur grande majorité, ont compris depuis longtemps, de ‘’question’’ en ‘’solution’’…
Chapeau l’Etat profond !
Chapeau Biden !
Chapeau l’Europe !
Paix à toutes les âmes en-volées.
Jean-Pierre Lledo
Jean-Pierre Lledo