volcan kara-bag. Crimée
Ukraine-Russie ou vol au-dessus d’un volcan
Texte daté du Lundi 20 avril 2015
Actualisé 2021.
Texte daté du Lundi 20 avril 2015
Actualisé 2021.
Les rapports entre l'Ukraine et la Russie s'inscrivent dans un double contexte :
- un contexte historique que l'on ne saurait occulter sans tomber dans le déni partisan.
- le contexte géopolitique actuel, qui voit les États-Unis, par OTAN et Europe interposées, s'efforcer d'encercler la Russie et de limiter, sinon de réduire, ses efforts pour retrouver un rang mondial en rapport avec ses ressources naturelles, son potentiel économique et sa culture séculaire.
1. Le contexte historique
Aucun historien digne de ce nom ne s'aviserait de nier l'étroitesse des liens qui ont, depuis leurs origines respectives, marqué les rapports entre les deux nations (et, épisodiquement, les deux Etats).
Certes, il est de bon ton de rappeler que la Russie est "née" de l'Ukraine, ou plus exactement de la principauté de Kiev.
Mais il est également utile de rappeler que l'Ukraine et la Russie ont, depuis lors, connu des rapports "d'amour et de haine" alternativement marqués par l'assujettissement de l'Ukraine à la Russie, ou a contrario, par ses velléités séparatistes et ses périodes d'indépendance.
Il est bon également de rappeler que lors de la révolution russe de 1917-21, a existé un mouvement anarchiste ukrainien qui s'est alternativement allié aux blancs contre les rouges et inversement, pour être finalement écrasé par les bolcheviques. Il s'agissait de la Makhnovchtchina. Ce mouvement anarchiste ou libertaire, profondément enraciné dans la paysannerie ukrainienne, a été impitoyablement réprimé par le régime bolchevique.
Il est d'ailleurs relativement méconnu dans l'opinion française, qui est habituée à ne voir dans la révolution russe de 1917 que l'opposition entre "rouges" et "blancs".
Autre évènement majeur longtemps nié, occulté : celui de l'holodomor.
On désigne sous ce terme "l'extermination par la faim" dont La Russie soviétique s'est rendue coupable en Ukraine, véritable holocauste dont le nombre de victimes est chiffré, selon les sources, à près de 3 ou 5 millions.
Cela explique, sans le légitimer, le "ralliement" d'une partie des Ukrainiens à l'Allemagne nazie lors de l'invasion de 1941. Le souvenir des exactions soviétiques était assez vif dans l'opinion ukrainienne, pour susciter un tel ralliement, qui fit préférer à nombre d'Ukrainiens l'envahisseur allemand à la défense de la "mère patrie" soviétique.
Dans le droit fil de ce comportement, il faut bien admettre que durant la période nazie, nombre de "kapos" des camps de concentrations ont été ukrainiens, et que des milliers de soldats ukrainiens ont servi dans les rangs allemands (Division SS Galicie, Armée de libération ukrainienne, armée Vlassov).
Au lendemain de la guerre, cependant, le souvenir des atrocités commises par l'envahisseur allemand, qui considérait tous les "Slaves" comme des "sous hommes", la glorification justifiée de l'héroïsme des libérateurs russo-ukrainiens, et l'effet majeur de la férule stalinienne, ont "soudé" l'Ukraine et la Russie au sein de l'URSS.
Enfin, à la suite des changements de frontières intervenus après la guerre, le territoire ukrainien, grâce en partie à la volonté stalinienne, s'est agrandi vers l'Ouest au détriment de la Pologne ( ligne Curzon) tandis que le territoire polonais a lui-même avancé vers l'Ouest au détriment de l'Allemagne (frontière Oder Neisse).
Cela n'a pas été sans conséquences sur la composition démographique de la nouvelle Ukraine, du fait des déplacements de populations engendrés.
2° Le contexte géopolitique actuel
Au sortir de la dernière guerre, Charles De Gaulle ménagea la Russie, en même temps qu'il s'opposa positivement à la volonté américaine de faire de la France une sorte de protectorat.
Nous remarquerons tout de même que dans sa volonté d'établir avec Staline un partenariat destiné à contrecarrer tant soit peu l'influence américaine, le même De Gaulle renvoya en Russie plusieurs milliers de soldats russes enrôlés dans la Wehrmacht, mais également des Russes déserteurs ayant rejoint les rangs de la résistance sur le sol français, et certains opposants au régime stalinien dont le seul tort était précisément celui d'être des opposants à Staline.
Depuis, les socialistes français de la SFIO, et leurs successeurs du P.S, "atlantistes" avérés, ont repris avec les E.U des relations plus "inféodées", à tel point que l'on ne vit jamais un alignement aussi total que celui des gouvernants issus de cette mouvance.
Sans pour autant accorder à Sarkozy et Fillon une sympathie idéologique particulière, force est de reconnaître que leur approche de la problématique russe fut, par ailleurs, bien plus "équilibrée" que celle des gribouilles "socialistes".
Nous oserons dire enfin, malgré notre fort éloignement de cette mouvance, que les tenants de l'extrême droite française (FN puis RN et actuellement "Zemmouriens") ont eu et ont une compréhension du rôle de la Russie en Europe plus intelligente et réaliste que celle de l'attelage qui a régenté la politique extérieure de la France sous le règne du pseudo "ennemi de la finance", et de son compère Fabius.
La situation actuelle doit donc être examinée en fonction de ces données, mais surtout en fonction du désir des Américains "d'encercler" littéralement la Russie et de l'empêcher de retrouver un statut de grande puissance, ce que n'admet logiquement pas Poutine.
Par ailleurs, les médias atlantistes qui relèvent de la gauche "bien pensante" orchestrent pour leur part sans retenue une désinformation destinée à justifier et légitimer les ingérences de l'Europe, les opérations devenues classiques de "révolutions" colorées, et une avancée de l'OTAN jusqu'aux frontières de la Russie, le tout étant mené au nom de la "défense" ou l'instauration de la démocratie.
Nous voici donc, pour l'heure, plongés malgré nous dans une dangereuse situation de guerre au cœur même de l'Europe.
Reste, pour les Ukrainiens, à déterminer leur choix : se livrer à l'ours russe, s'abandonner aux griffes du Pygargue à tête blanche ou s'efforcer de bâtir une indépendance réelle.
J.M
- un contexte historique que l'on ne saurait occulter sans tomber dans le déni partisan.
- le contexte géopolitique actuel, qui voit les États-Unis, par OTAN et Europe interposées, s'efforcer d'encercler la Russie et de limiter, sinon de réduire, ses efforts pour retrouver un rang mondial en rapport avec ses ressources naturelles, son potentiel économique et sa culture séculaire.
1. Le contexte historique
Aucun historien digne de ce nom ne s'aviserait de nier l'étroitesse des liens qui ont, depuis leurs origines respectives, marqué les rapports entre les deux nations (et, épisodiquement, les deux Etats).
Certes, il est de bon ton de rappeler que la Russie est "née" de l'Ukraine, ou plus exactement de la principauté de Kiev.
Mais il est également utile de rappeler que l'Ukraine et la Russie ont, depuis lors, connu des rapports "d'amour et de haine" alternativement marqués par l'assujettissement de l'Ukraine à la Russie, ou a contrario, par ses velléités séparatistes et ses périodes d'indépendance.
Il est bon également de rappeler que lors de la révolution russe de 1917-21, a existé un mouvement anarchiste ukrainien qui s'est alternativement allié aux blancs contre les rouges et inversement, pour être finalement écrasé par les bolcheviques. Il s'agissait de la Makhnovchtchina. Ce mouvement anarchiste ou libertaire, profondément enraciné dans la paysannerie ukrainienne, a été impitoyablement réprimé par le régime bolchevique.
Il est d'ailleurs relativement méconnu dans l'opinion française, qui est habituée à ne voir dans la révolution russe de 1917 que l'opposition entre "rouges" et "blancs".
Autre évènement majeur longtemps nié, occulté : celui de l'holodomor.
On désigne sous ce terme "l'extermination par la faim" dont La Russie soviétique s'est rendue coupable en Ukraine, véritable holocauste dont le nombre de victimes est chiffré, selon les sources, à près de 3 ou 5 millions.
Cela explique, sans le légitimer, le "ralliement" d'une partie des Ukrainiens à l'Allemagne nazie lors de l'invasion de 1941. Le souvenir des exactions soviétiques était assez vif dans l'opinion ukrainienne, pour susciter un tel ralliement, qui fit préférer à nombre d'Ukrainiens l'envahisseur allemand à la défense de la "mère patrie" soviétique.
Dans le droit fil de ce comportement, il faut bien admettre que durant la période nazie, nombre de "kapos" des camps de concentrations ont été ukrainiens, et que des milliers de soldats ukrainiens ont servi dans les rangs allemands (Division SS Galicie, Armée de libération ukrainienne, armée Vlassov).
Au lendemain de la guerre, cependant, le souvenir des atrocités commises par l'envahisseur allemand, qui considérait tous les "Slaves" comme des "sous hommes", la glorification justifiée de l'héroïsme des libérateurs russo-ukrainiens, et l'effet majeur de la férule stalinienne, ont "soudé" l'Ukraine et la Russie au sein de l'URSS.
Enfin, à la suite des changements de frontières intervenus après la guerre, le territoire ukrainien, grâce en partie à la volonté stalinienne, s'est agrandi vers l'Ouest au détriment de la Pologne ( ligne Curzon) tandis que le territoire polonais a lui-même avancé vers l'Ouest au détriment de l'Allemagne (frontière Oder Neisse).
Cela n'a pas été sans conséquences sur la composition démographique de la nouvelle Ukraine, du fait des déplacements de populations engendrés.
2° Le contexte géopolitique actuel
Au sortir de la dernière guerre, Charles De Gaulle ménagea la Russie, en même temps qu'il s'opposa positivement à la volonté américaine de faire de la France une sorte de protectorat.
Nous remarquerons tout de même que dans sa volonté d'établir avec Staline un partenariat destiné à contrecarrer tant soit peu l'influence américaine, le même De Gaulle renvoya en Russie plusieurs milliers de soldats russes enrôlés dans la Wehrmacht, mais également des Russes déserteurs ayant rejoint les rangs de la résistance sur le sol français, et certains opposants au régime stalinien dont le seul tort était précisément celui d'être des opposants à Staline.
Depuis, les socialistes français de la SFIO, et leurs successeurs du P.S, "atlantistes" avérés, ont repris avec les E.U des relations plus "inféodées", à tel point que l'on ne vit jamais un alignement aussi total que celui des gouvernants issus de cette mouvance.
Sans pour autant accorder à Sarkozy et Fillon une sympathie idéologique particulière, force est de reconnaître que leur approche de la problématique russe fut, par ailleurs, bien plus "équilibrée" que celle des gribouilles "socialistes".
Nous oserons dire enfin, malgré notre fort éloignement de cette mouvance, que les tenants de l'extrême droite française (FN puis RN et actuellement "Zemmouriens") ont eu et ont une compréhension du rôle de la Russie en Europe plus intelligente et réaliste que celle de l'attelage qui a régenté la politique extérieure de la France sous le règne du pseudo "ennemi de la finance", et de son compère Fabius.
La situation actuelle doit donc être examinée en fonction de ces données, mais surtout en fonction du désir des Américains "d'encercler" littéralement la Russie et de l'empêcher de retrouver un statut de grande puissance, ce que n'admet logiquement pas Poutine.
Par ailleurs, les médias atlantistes qui relèvent de la gauche "bien pensante" orchestrent pour leur part sans retenue une désinformation destinée à justifier et légitimer les ingérences de l'Europe, les opérations devenues classiques de "révolutions" colorées, et une avancée de l'OTAN jusqu'aux frontières de la Russie, le tout étant mené au nom de la "défense" ou l'instauration de la démocratie.
Nous voici donc, pour l'heure, plongés malgré nous dans une dangereuse situation de guerre au cœur même de l'Europe.
Reste, pour les Ukrainiens, à déterminer leur choix : se livrer à l'ours russe, s'abandonner aux griffes du Pygargue à tête blanche ou s'efforcer de bâtir une indépendance réelle.
J.M