kalinka-machja CERCLE CULTUREL ET HISTORIQUE CORSE-RUSSIE-UKRAINE

Les bains de Baracci : des Romains aux Russes.


Les bains de Baracci : des Romains aux Russes.
CRDP de Corse. Ouvrage : « Sartenais et Valinco ».
"Les bains de Baracci".



http://www.educorsica.fr/phocadownload/pdf/sartenais-valinco-pb.pdf

Les bains de Baracci : des Romains aux Russes. 

Ces sources thermales sulfureuses sont connues depuis la période romaine si l’on en croit les pièces découvertes sur place lors des travaux de construction en 1881.
Ce bâtiment possède une histoire originale puisqu’elle prend source à Saigon (actuellement Hô Chi Minh-Ville) où un certain M. Giacomoni possède une maison dont il créa une réplique dans la plaine de Baracci. Bien plus tard, un autre Corse de Saigon, M. Ortoli racheta ce bien et sa famille l’exploita de façon intermittente jusque dans les années 1980. En 1992, la commune d’Olmeto a acquis l’ensemble du domaine.
Cet établissement, situé à quelques centaines de mètres du port de Propriano, était le centre d’une vie mondaine pour laquelle de grands événements étaient organisés (courses de chevaux, meetings aériens, etc.). Outre l’architecture du bâtiment remarquable en elle-même,
il faut noter qu’à l’intérieur, les peintures des murs et des plafonds des salles et de la cage d’escalier ont été réalisées avec une grande délicatesse par Vladimir Mestchersky. Ce dernier faisait partie d’une vague d’immigrés fuyant la révolution bolchevique dans ce qui devait devenir l’URSS. Parti de Crimée en 1920, tout comme près de 150 000 autres russes blancs, et après une étape à Constantinople, à une époque charnière où Mustapha Kemal s’apprête à créer la Turquie moderne, Mestchersky s’embarque finalement sur le « Rion », un gros paquebot à vapeur, le 26 avril 1921 à destination... du Brésil où l’État leur promet des terres cultivables. Malheureusement, l’état de délabrement avancé dans lequel se trouve le navire ne lui permet pas d’aller bien loin : il est remorqué jusqu’au port d’Ajaccio où il arrive après 20 jours d’errance en Méditerranée avec à son bord 3 700 réfugiés de toutes classes sociales qui connaîtront des fortunes diverses. Si nombre d’entre eux trouvent du travail dans les exploitations agricoles en manque de main d’œuvre dans cette Corse au lendemain de la guerre de 1914-1918, Vladimir  Mestchersky, quant à lui, affirme ses talents de peintre dans ce bâtiment thermal de Baracci, ainsi qu’à Olmeto, dans l’église et chez quelques particuliers de Propriano.






Jean Maiboroda