L’AGORA* a récemment invité (samedi 27 septembre) le public insulaire à découvrir une exposition de Serge MICHELI, artiste peintre, qui a présenté ses dernières œuvres autour de l’art soviétique.
Dans une continuité culturelle par rapport à la Russie, après la découverte des tableaux de Serge MICHELI, des œuvres de la littérature russe ont été ensuite évoquées, avec des lectures effectuées par Ilmira CONTINI, Serge MICHELI et Xavier TAVERA.
_____________
* L'Agora
14, rue San Angelo
20200 Bastia
agoralassociation@gmail.com
Dans une continuité culturelle par rapport à la Russie, après la découverte des tableaux de Serge MICHELI, des œuvres de la littérature russe ont été ensuite évoquées, avec des lectures effectuées par Ilmira CONTINI, Serge MICHELI et Xavier TAVERA.
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* L'Agora
14, rue San Angelo
20200 Bastia
agoralassociation@gmail.com
Texte Association AGORA
Serge MICHELI, peintre, illustrateur, auteur de bandes dessinées, est originaire d’Erbalonga.
Il est diplômé de l’école supérieure d’arts graphiques « Met de Penninghen » à Paris, ville où il a commencé aux côtés d’artistes comme TARDI, MOEBIUS ou encore DRUILLET avec qui il a exposé.
Serge MICHELI entretient une très ancienne fascination pour la Russie. Son premier album de BD, « Un drame en Livonie », en 2000, adapté d’une œuvre de Jules VERNE avait pour cadre la Russie des Tsars.
Entre 2014 et 2017, l’Institut Français l’invite en Russie puis en Ukraine pour présenter ses adaptations de Jules Verne ; exploration fascinante.
« J’étais sensé revenir avec des sujets de bande dessinée et je suis revenu avec des tableaux plein la tête. Travailler sur l’art et la propagande de l’URSS était une vieille idée d’étudiant ; dès lors, impossible d’y résister.
Par la peinture, je me suis mis à tourner autour des grandes statues de l’ère soviétique comme la caméra de Wenders tourne autour des immeubles de Berlin ; je me suis laissé fasciner par la façon dont ces monuments sont mis en scène dans l’espace public ; je me suis laissé fasciner par l’histoire terrible qui les a fait naître ; par leur impact sur notre imaginaire et aussi, il faut bien le dire, par leur magistrale beauté.
La fascination par l’image est un des piliers de l’hypnose idéologique ; du moment où presque toute manifestation artistique est dédiée au conditionnement des esprits, ce qui fut le cas entre 1917 et 1989, l’art se pervertit lui-même.
Alors oui, travailler aussi longtemps autour des arts totalitaires, car c’est de cela dont il s’agit, n’est pas un processus naturel ; c’est une fascination malsaine, ça ne se fait pas dans une société bien pensante.
Ce projet est vraiment difficile à présenter…je vois ça comme une expérience : il s’agissait de créer une illusion d’URSS en s’identifiant aux artistes de l’ère soviétique ; ces peintres, sculpteurs, affichistes qui ont travaillé sous la dictature communiste.
Dans les périodes les plus difficiles, le talent doit tout de même pouvoir se déployer. C’est une nécessité existentielle pour les sensibilités les plus créatives. Dès lors, il faut suivre et accompagner le sens de l’histoire…c'est-à-dire devenir un rouage de la culture d’état ou accepter de disparaître.
J’aime tout de même penser que la plupart des artistes de cette période étaient animés d’une foi profonde dans l’utopie égalitaire, les promesses d’une société idéale, se laissant porter par l’élan révolutionnaire.
Mon approche, c’est aussi une mise à distance émotionnelle. Sans critiquer, sans juger, sans salir, j’observe à distance ; par l’accumulation, la juxtaposition, je laisse les images s’entrechoquer d’elles-mêmes, entre beauté révolutionnaire et emprise totalitaire. Ainsi l’ambiguïté s’installe naturellement et on ne sait plus comment discerner le bien et le mal.
J’aime voir naître cette ambiguïté ; ambiguïté et déraison sont presque une finalité pour moi.
Alors voilà, la propagande nous ment !...Mais l’histoire et la postérité peuvent aussi nous mentir. La propagande n’est pas morte avec l’URSS. Le conditionnement idéologique continue pour nous : il est ultralibéral ! Son objectif, est l’acceptation des inégalités et de la « dictature du fric ». Il vise à faire de nous et de nos enfants de parfaits consommateurs. Notre modèle ultralibéral est un Moloch qu’il faut alimenter sans cesse, mais c’est le meilleur des mondes !!! Et plus personne n’a le droit d’en douter. »
Serge MICHELI, peintre, illustrateur, auteur de bandes dessinées, est originaire d’Erbalonga.
Il est diplômé de l’école supérieure d’arts graphiques « Met de Penninghen » à Paris, ville où il a commencé aux côtés d’artistes comme TARDI, MOEBIUS ou encore DRUILLET avec qui il a exposé.
Serge MICHELI entretient une très ancienne fascination pour la Russie. Son premier album de BD, « Un drame en Livonie », en 2000, adapté d’une œuvre de Jules VERNE avait pour cadre la Russie des Tsars.
Entre 2014 et 2017, l’Institut Français l’invite en Russie puis en Ukraine pour présenter ses adaptations de Jules Verne ; exploration fascinante.
« J’étais sensé revenir avec des sujets de bande dessinée et je suis revenu avec des tableaux plein la tête. Travailler sur l’art et la propagande de l’URSS était une vieille idée d’étudiant ; dès lors, impossible d’y résister.
Par la peinture, je me suis mis à tourner autour des grandes statues de l’ère soviétique comme la caméra de Wenders tourne autour des immeubles de Berlin ; je me suis laissé fasciner par la façon dont ces monuments sont mis en scène dans l’espace public ; je me suis laissé fasciner par l’histoire terrible qui les a fait naître ; par leur impact sur notre imaginaire et aussi, il faut bien le dire, par leur magistrale beauté.
La fascination par l’image est un des piliers de l’hypnose idéologique ; du moment où presque toute manifestation artistique est dédiée au conditionnement des esprits, ce qui fut le cas entre 1917 et 1989, l’art se pervertit lui-même.
Alors oui, travailler aussi longtemps autour des arts totalitaires, car c’est de cela dont il s’agit, n’est pas un processus naturel ; c’est une fascination malsaine, ça ne se fait pas dans une société bien pensante.
Ce projet est vraiment difficile à présenter…je vois ça comme une expérience : il s’agissait de créer une illusion d’URSS en s’identifiant aux artistes de l’ère soviétique ; ces peintres, sculpteurs, affichistes qui ont travaillé sous la dictature communiste.
Dans les périodes les plus difficiles, le talent doit tout de même pouvoir se déployer. C’est une nécessité existentielle pour les sensibilités les plus créatives. Dès lors, il faut suivre et accompagner le sens de l’histoire…c'est-à-dire devenir un rouage de la culture d’état ou accepter de disparaître.
J’aime tout de même penser que la plupart des artistes de cette période étaient animés d’une foi profonde dans l’utopie égalitaire, les promesses d’une société idéale, se laissant porter par l’élan révolutionnaire.
Mon approche, c’est aussi une mise à distance émotionnelle. Sans critiquer, sans juger, sans salir, j’observe à distance ; par l’accumulation, la juxtaposition, je laisse les images s’entrechoquer d’elles-mêmes, entre beauté révolutionnaire et emprise totalitaire. Ainsi l’ambiguïté s’installe naturellement et on ne sait plus comment discerner le bien et le mal.
J’aime voir naître cette ambiguïté ; ambiguïté et déraison sont presque une finalité pour moi.
Alors voilà, la propagande nous ment !...Mais l’histoire et la postérité peuvent aussi nous mentir. La propagande n’est pas morte avec l’URSS. Le conditionnement idéologique continue pour nous : il est ultralibéral ! Son objectif, est l’acceptation des inégalités et de la « dictature du fric ». Il vise à faire de nous et de nos enfants de parfaits consommateurs. Notre modèle ultralibéral est un Moloch qu’il faut alimenter sans cesse, mais c’est le meilleur des mondes !!! Et plus personne n’a le droit d’en douter. »