1917-21
Cette conférence sera précédée de la projection d'Amiral, film historique réalisé par Andreï Kravtchouk (2008), qui retrace l'histoire d'Alexandre Koltchak, Amiral devenu l'un des chefs des Armées Blanches durant la guerre civile.
Horaires et tarifs :
-16 h : film «L’amiral» d’Andreï Kravtchouk
Billetterie association Kalinka-Machja : 5 €
-18h 30 : Conférence, entrée libre.
RENSEIGNEMENTS
Direction de la culture / Espace Diamant
04 95 50 40 80 http://espace-diamant.ajaccio.fr
INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES
"LE GRAND EXODE RUSSE"
par Andréï Korliakov historien et iconographe
André Korliakov est né en Russie en 1957. Il a étudié l'espagnol et l'anglais à l'Institut des langues étrangères d'Irkoutsk. Il vit en France depuis 1991 et se passionne pour la photographie historique : il collectionne, restaure et expose des photos de lémigration russe en France.
Il a déjà publié 3 livres de photographies sur l'émigration russe en photos :
le 1er en 1999 "Histoire illustrée de l'émigration russe, 1917 - 1947", le 2ème en 2001 "Honneur et dignité maintenus, 1917 - 1947"; le 3ème en 2005 "Vers le succès, 1917 - 1947" (prix Veritas - 2005).
Il est co- auteur avec Gérard Gorokhoff en 2003 de l'album "Le corps expéditionnaire russe en France et à Salonique, 1916 - 1918". En décembre 2007, il a produit "L'armée blanche - Portraits d'officiers russes, 1917 - 1947". Depuis 1996 il a organisé 20 expositions sur "L'histoire illustrée de l'émigration russe en France, 1917 - 1947".
Des albums, des ouvrages, des recherches iconographiques. Une véritable "somme" consacrée à l'émigration blanche à travers l'Europe.
La page d'accueil du site plonge instantanément le visiteur dans les péripéties du "Grand Exode Russe".
Article du site emigrationrusse.com :
LE GRAND EXODE RUSSE, 1917-1939
1600 photographies – pour la plupart inédites – du Grand Exode Russe à travers Constantinople et Gallipoli, Lemnos et Salonique, Chypre et Malte, Bulgarie et Yougoslavie, Albanie et Tchécoslovaquie, Pologne et Roumanie, Finlande et Estonie, Lettonie et Lituanie, Angleterre et Norvège, Danemark et Allemagne, Belgique et Luxembourg, France et Suisse, Italie, Monaco et Espagne dans la série l’Émigration russe en photos, 1917-1947.
Partout se formèrent des colonies russes – des Russies en miniature. Partout l’on pouvait voir des enseignes russes aux devantures des magasins et des ateliers, des fabriques et des usines, des salons de coiffure et des imprimeries. Des églises orthodoxes, des écoles, des associations, des lieux de réunion, des restaurants, des cabarets, et, partout, le flash du magnésium ou le simple clic-clac du mécanisme d’un appareil d’amateur. Tout cela finirait bientôt, et l’on aurait des souvenirs à évoquer.
Mais ce n’est qu’un début. Bientôt paraîtra la deuxième partie du Grand Exode Russe, celle qui concerne le Japon, la Chine, les Philippines, l’Australie, l’Inde, l’Afrique, l’Amérique du Sud et du Nord et d’autres coins du monde qui ont accueilli les émigrés russes.
Avant-propos
Qui aurait pu penser que les photographies de famille deviendraient pour de longues années des émigrées avec ceux qu’elles représentaient ?
Tous ceux qui quittaient la Russie, sans exception, ont essayé de conserver ce qu’ils avaient de plus cher et de plus intime : les photographies de leur famille et de leurs proches. Le commandant de l’Armée blanche, le baron Wrangel, s’était donné beaucoup de mal en quittant Sébastopol pour emporter avec lui des photographies et des documents d’archives. Mais, le 15 octobre 1921, en rade de Constantinople, l’Adria, un navire italien, heurta à pleine vitesse le yacht Lukull qui coula en deux minutes et s’enfonça à une profondeur de 16,5 sagènes. On ne put sauver qu’une moitié des papiers d’un grand intérêt, des icônes serties de pierres précieuses, des photographies éparses et d’autres objets personnels. Le reste disparut.
Une partie de l’armée se réfugia à Gallipoli, l’autre à Lemnos. L’escadre se dirigea vers Bizerte. Dès les premiers jours de vie en territoire étranger, on assiste à la création de laboratoires photographiques. À Gallipoli, c’est le lieutenant Paul Kritski qui dirigeait un laboratoire de ce type.
L’idée était simple : l’exil ne durerait pas longtemps, on serait bientôt de retour en Russie et, alors, dans le cercle des proches et des amis, on aurait des souvenirs à évoquer en revoyant ces photographies. Aussi les tirages se font-ils sous la forme de cartes postales à envoyer par la poste, ou même de petits blocs de photographies intitulés L’Armée russe à Gallipoli. Le baron Wrangel dispose d’un exemplaire de chaque cliché où sont fixés les moments de la vie quotidienne des troupes en exil : les baraquements des soldats, les exercices de tir, l’entraînement sportif, la pose de la première pierre et la consécration d’un monument dédié aux victimes et aux prisonniers de la guerre russo-turque et de la guerre civile, les longues files de soldats russes portant des briques pour l’édification du monument, les enfants des militaires pendant leurs jeux, la chapelle de campagne, les taudis dans lesquels certains des combattants devaient vivre, la lecture du journal mural et même une vue d’un mur décoré avec le motif du Kremlin de Moscou, afin que personne n’oublie la patrie à laquelle on avait été arraché.
Pour témoigner de la présence des régiments de Cosaques à Lemnos, les photographies de groupe qui saisissent, avec précision, légèrement de biais, environ quatre cents Cosaques devant un camp de tentes, sont des plus intéressantes. Si on les agrandit fortement, on distingue bien sur chaque visage cette grimace convulsive figée, expression du drame de l’exil.
Qu’est-ce qui les attend à l’avenir ? Éventuellement, un travail de forçat sur des chantiers de voies ferrées ou de construction de routes en Bulgarie. Sur ce thème a été réalisée une série de cartes postales intitulée L’Armée russe dans les Balkans. Ou bien la chaîne dans une usine de construction de wagons à Cannes-La Bocca, dans le sud de la France, ou à Billancourt près de Paris, dans les usines de construction automobile, Citroën et Renault. Et, peut-être, l’extraction exténuante du charbon dans les mines de Charleroi, ou les fours Martin crachant le feu, en Normandie. Dans l’ensemble, les photographies des premiers émigrés se présentent strictement comme des photographies de reportage. Voici les séances de bain et de lessive dans une rivière, les vues d’intérieur des cantines de campagne avec la ration complète de la journée et, sur d’autres photographies, le chargement des bateaux et l’embarquement pour la Serbie.
Un grand nombre de militaires, surtout parmi ceux qui n’ont pas pu terminer leurs études, à cause de la guerre mondiale suivie de la guerre civile, sont allés finir leurs études en Tchécoslovaquie. Dès qu’ils en avaient la possibilité, ils s’achetaient un appareil photo collectif. Ils photographiaient tout ce qu’ils pouvaient : les cours, les conférences, les travaux pratiques dans la nature, les excursions, les fêtes, les concerts et les soirées dansantes.
À la fin de leurs études, les émigrés russes diplômés passaient en France où les chances de trouver un travail adéquat étaient supérieures. Avant de partir, ils se faisaient souvent faire des albums assez complets sur leur vie estudiantine. Afin de minimiser le coût, ils essayaient de réunir sur une seule photo jusqu’à une dizaine de clichés grands comme des boîtes d’allumettes. Il ne fallait surtout rien oublier !
De Finlande jusqu’en France, à travers toute l’Europe, se formèrent des colonies russes – des Russies en miniature. Partout l’on pouvait voir des enseignes russes aux devantures des magasins et des ateliers, des fabriques et des usines, des salons de coiffure et des imprimeries. Des églises orthodoxes, des écoles, des associations, des lieux de réunion, des restaurants, des cabarets, et, partout, le flash du magnésium ou le simple clic-clac du mécanisme d’un appareil d’amateur. Tout cela finirait bientôt, et l’on aurait des souvenirs à évoquer. Les photos les plus impressionnantes sont celles des camps d’internement des unités de l’Armée blanche en Norvège.
Ces images montrent assez bien la vie des camps. Les émigrés qui étaient en Allemagne recevaient souvent la visite de représentants de la Croix-Rouge (d’anciens commandants comme le prince Bermont-Avaloff, des membres du clergé dont le métropolite Euloge Guéorguevsky) qui posaient volontiers pour des photos de groupe. Ensuite, le photographe exécutait des tirages. En fonction de la somme reçue, il pouvait tirer jusqu’à une vingtaine d’exemplaires.
Petit à petit, les photos ainsi faites constituaient des albums. Ceux qui regardaient la vie d’un œil lucide se mirent à se constituer des collections de photographies et d’autres documents pour les générations futures. Ce fut le cas, en premier lieu, du Centre des archives historiques russes à l’étranger à Prague, qui recueillit de nombreux originaux et des fac-similés de photographies officielles en provenance de tous les pays d’Europe. En 1928, la baronne Wrangel s’adressa aux émigrés russes et leur demanda de rassembler tous les documents qui avaient fait écho à la mort de son fils, le commandant de l’Armée blanche. Par ce geste, elle souhaitait la création d’un fonds documentaire photographique de l’Armée russe en exil.
Tous les représentants des colonies russes en Europe répondirent à l’appel et se mirent à envoyer à la mère du général Wrangel des photos et des documents avec, même, des descriptions détaillées des clichés où étaient indiquées la fonction, la profession et la situation sociale des personnes photographiées. Ces documents étaient envoyés d’Estonie par le général Alexis Konstantinovitch Baïoff. À partir de Finlande, c’est le baron Boris von Graevenitz qui envoyait ces documents à la baronne Wrangel en Belgique et aux archives russes hors frontières de Prague. En Allemagne, le major général Alexis von Lampe a amassé quelque trente mille photos d’organisations d’exilés russes, d’unions, d’associations, de comités, de réunions, de toutes sortes de rencontres et de célébrations, de fêtes religieuses, de simples photos de membres de la ROVS dont il était le président de la section locale. Toutes les photos étaient accompagnées de descriptions détaillées dactylographiées.
Hélas, l’ensemble de ces témoignages a brûlé dans son appartement berlinois au cours des bombardements. La Seconde Guerre mondiale mit un terme à cette entreprise. Les photographies et les documents personnels de ceux qui résidaient en Allemagne brûlèrent et disparurent. En Serbie, en Bulgarie, en Tchécoslovaquie, en Hongrie et dans d’autres pays, les émigrés de la première génération vivaient dans l’attente fiévreuse de la visite des services spéciaux soviétiques. De précieuses photographies et d’importants documents partirent en fumée dans les poêles et les cheminées...
Aujourd’hui, il nous faut collecter les miettes de ce qui reste et reconstituer les inscriptions, les signatures, les autographes, les dédicaces, tout ce qui était inscrit au dos des photos. Ou bien tenter de reconnaître les visages et reconstituer les liens qui reproduiront le passé.
Le présent album est dédié au Grand Exode Russe à travers les pays d’Europe. Mais ce n’est qu’un début. Bientôt paraîtra une deuxième partie : celle qui concerne le Japon, la Chine, les Philippines, l’Australie, l’Inde, l’Afrique, l’Amérique du Sud et du Nord et d’autres coins du monde qui ont accueilli les émigrés russes.
[....]
Andrei Korliakov
André Korliakov a publié plusieurs ouvrages consacrés à l’émigration des Russes blancs, ouvrages illustrés par de très nombreuses photos.
V.A. André Korliakov, vous êtes né en Union Soviétique ; comment en êtes vous arrivé à vous intéresser à l’émigration des Russes blancs et à vouer votre travail à la conservation de leur mémoire ? N’avez-vous pas été élevé dans la haine et le rejet de ces émigrés ?
J’aurais pu l’être en effet, mais j’ai eu la chance de naître en 1957, dans une famille qui n’a jamais été en politique, ni sous influence de la pensée officielle d’alors. Mon père avait un poste important d’ingénieur ; ma mère avait été danseuse jusqu’à son mariage puis elle est devenue ingénieur aussi, et mon grand père maternel était décorateur de théâtre à Simféropol . Ma famille compte également des historiens, ce qui explique peut-être ma passion pour l’Histoire. J’ai donc reçu une éducation essentiellement artistique et culturelle.
Et puis je suis né à Iekaterinbourg , dans cette ville tristement célèbre dans le monde entier où ont été assassinés en juillet 1918, dans la maison Ipatiev, le tsar Nicolas II et sa famille. Je me souviens bien de cette maison, qui a été détruite en 1976, sur décision de Boris Eltsine .
V.A. Un lieu de naissance très symbolique...Avez-vous vécu longtemps à Iekaterinbourg ?
Non, j’étais jeune quand mes parents ont été nommés à Cuba et je les ai suivis ; nous y sommes restés quelques années et, j’ai là aussi, reçu une éducation loin de l’influence soviétique.
En rentrant de Cuba, passionné par la littérature sud-américaine, et en particulier par l’œuvre de Gabriel Garcia Marquez, je me suis inscrit à l’Institut des langues étrangères mais j’ai réalisé que je n’avais aucune chance d’obtenir un poste de professeur d’espagnol. Heureusement, c’était les années 85, l’époque de la perestroïka. Avec d’autres professeurs d’anglais et de français, j’ai créé le tout premier centre privé de langues étrangères, que j’ai appelé Polyglotte. Et nous avons établi nos premiers contacts avec l’étranger, un lycée français de Seine et Marne.
V.A. Au fond, vous avez été l’un des premiers à expérimenter le système économique capitaliste...
Oui, et notre centre de langues a connu un grand succès. Dans la foulée, j’ai entamé un doctorat à l’Université de Nanterre, ce qui m’amené à m’installer à Paris. C’est là, en 1993, qu’a eu lieu mon premier contact avec une personne issue de l’émigration russe.
J’ai en effet reçu de Russie, un magazine littéraire qui publiait les œuvres de Mikhaïl Ossorguine , mort en France en émigration, pour que je le remette à sa veuve, Tatiana Ossorguine-Bakounine , qui habitait à Sainte-Geneviève-des-Bois. Elle dirigeait à l’époque la bibliothèque Tourgueniev . Chez elle, sur les murs, il y avait de nombreuses photos de personnages dont elle m’a parlé. Elle m’a également dirigé sur des descendants d’écrivains russes ; j’ai ainsi rencontré la fille de Boris Zaitseff qui m’a fait connaître d’autres familles d’artistes émigrés.
C’était aussi les débuts du tourisme russe ; mes compatriotes me contactaient et me demandaient où avaient habité le général Koutiepoff, le général Miller , l’écrivain Bounine , tous ces personnages que les Russes commençaient à découvrir.
Au début, ce qui m’intéressait, était de savoir pourquoi les artistes russes avaient quitté leur pays ; c’étaient effet des écrivains, des peintres, des historiens, des compositeurs qui étaient restés en Russie après la Révolution et avaient connu les débuts du nouveau régime. Ils n’étaient donc pas suspects d’être des Russes blancs, fidèles au régime tsariste.
C’est comme ça que j’ai découvert leur manque de liberté ; je me souviens par exemple d’une anecdote que m’a racontée Rostislav Doboujinsky . Les acteurs étaient en train de répéter une pièce de Molière en 1921 à Saint Petersbourg, lorsqu’un inspecteur est intervenu pour exiger qu’ils jouent « de façon révolutionnaire » , en dépit des protestations du metteur en scène rappelant que c’était du Molière qu’on répétait !
V.A. Même si peu d’années séparent cette émigration de celle de 1920, a-t-il été facile pour vous, de rentrer en contact avec ceux que l’on appelle les « Russes blancs » ?
En fait, j’ai rencontré très peu de ceux qui ont connu le grand exode de 1920, seulement cinq personnes ayant quitté la Russie, à l’age de vingt ans. Je le regrette beaucoup, car j’ai mis du temps avant de les approcher. J’ai tout de même interviewé en 2001, l’un des derniers officiers de l’armée blanche ; il avait 96 ans, il était aveugle mais avait pleinement sa tête. C’est à ce moment là que j’ai commencé à m’intéresser à l’armée ; je voudrais souligner d’ailleurs qu’il y a eu seulement 5% d’officiers dans cette émigration.
V.A. Comment avez-vous été accepté dans ce milieu ?
Je ne vous cache pas que ce fut un peu difficile... Je me souviens par exemple d’un épisode du tout début de ma carrière ici ; reçu par un fils d’officier blanc, je lui demande si cela ne le gêne pas que je vienne de Russie ex-soviétique ; ce à quoi il répond que pour lui je suis Russe, c’est tout. Et en sortant de chez lui, pendant que j’attends l’ascenseur sur le palier, je l’entends dire au téléphone « Excusez moi, cher ami, je n’ai pas pu vous appeler plus tôt, j’étais avec un Soviétique »...
Mais peu à peu, ce milieu m’a accepté, surtout lorsqu’il a compris mon intérêt et mon admiration pour son histoire, et mon souci de conserver sa mémoire par mon travail.
V.A. Parlons justement de votre travail et surtout de votre fonds de photos, qui est impressionnant
J’ai commencé à collecter des photos en 1993. Comme je vous l’ai dit, la première photo qui a tout déclanché si je puis dire, se trouvait chez Tatiana Bounine sur le mur. Puis aux Puces de Vanves, en 1994 j’ai eu beaucoup de chance ; j’ai trouvé par terre une photo de Nicolas Rimsky , que j’ai bien sûr achetée ; ensuite une vieille dame de l’émigration m’a donné un album privé en me remerciant, car elle l’aurait sans cela jeté.
Puis d’autres encore...Peu à peu j’ai commencé à être connu et les gens m’ont contacté pour me confier des documents iconographiques.
Avec ces photos d’une richesse et d’un intérêt immenses, j’ai organisé trois expositions, avant de me décider, poussé par beaucoup, à publier un catalogue en 1999. Ce fut le premier livre de la collection, qui racontait en russe l’histoire de l’émigration russe. Il a été suivi d’un deuxième volume en 2001, où l’histoire des émigrés était présentée de façon thématique : les enfants, les institutions russes, la famille, etc...J’en ai publié un troisième en 2005 et le quatrième en 2009....
Le fonds dont je suis dépositaire, est d’une très grande richesse puisqu’il est constitué aujourd’hui d’environ 250 000 images numérisées, qui couvrent l’émigration russe dans le monde. Les photos ne sont jamais vendues ou échangées ; je les prête gratuitement si les descendants des émigrés qui me les ont confiées, sont d’accord.
Je m’intéresse maintenant à d’autres vagues de l’émigration russe, celle qui a lieu pendant la Seconde Guerre Mondiale par exemple ; il y a eu également jusqu’à 3 millions d’émigrants russes en Chine qui se sont dispersés à l’époque de Mao Tsé Tsoung ; en 2001 j’ai aussi découvert l’émigration russe en Espagne et en Allemagne...
V.A. De quoi publier encore de nombreux ouvrages... Comment travaillez-vous avec ces photos qui sont très anciennes ?
Ce n’est pas facile, car il faut identifier les personnages dont les noms ne sont souvent pas mentionnés ; et il ne reste plus personne pour les reconnaître. Il faut donc faire une enquête minutieuse et rigoureuse, pour ne pas se tromper. Il n’est pas question en effet de mettre des légendes inexactes car cela serait contraire à la vérité historique.
De plus, je suis pratiquement le seul à travailler sur ce thème et il y a très peu, si ce n’est pas du tout, de sources.
Je n’arrête pas de chercher... Je fréquente les Puces ; j’ai trouvé un album datant des années 20 à 30, sur la colonie russe à Shanghaï, d’un officier russe blanc, le capitaine Jiganoff, qui y avait émigré ; l’album a été édité en mille exemplaires et jamais réédité ; heureusement j’en ai un exemplaire...
V.A. Quels sont vos projets ?
Fin 2012 paraîtra le cinquième volume , « La culture russe en exil », dans lequel je montre comment les émigrés ont conservé la culture russe et lutté contre la « dénationalisation » ; je montre également comment la culture russe et la culture du pays d’adoption se sont mutuellement enrichies.
Je fais également de nombreuses conférences à travers la France.
Et il y a tous ceux qui me contactent, car ils ont des photos et des papiers de famille qu’ils aimeraient faire renaître de l’oubli ; c’est un travail de mémoire qui prend beaucoup de temps mais qu’en tant qu’historien et iconographe je considère comme essentiel.
Site de l’auteur : emigrationrusse.com
Interview publiée dans http://www.e-bb.info/