► POSITION "LES CRISES" :
● L’Ukraine est un pays fragile, pont entre l’UE et la Russie, ancienne république de l’URSS. L'économie ukrainienne est sous-performante, et tournée en grande partie vers la Russie, en particulier pour le coeur industriel présent dans l'Est du pays. Rajouté à la proximité culturelle, ceci fait que ces populations de l'Est accepteront très difficilement de couper les ponts avec la Russie.
● Si l’Ukraine est bien libre de ses choix vis-à-vis de la Russie, l’UE peut cependant choisir d’exciter ou de freiner ses ardeurs “séparatistes” envers la Russie. C’est un choix, avec des conséquences.
● Comme l’Occident (UE + USA) a opté pour l’excitation des tensions, cela a mis le feu aux poudres en Crimée (peuplée majoritairement de Russes) et dans le Donbass, comme c’était prévisible (pour qui a analysé et compris les fragilités de l’Ukraine).
● Des centaines de milliers de démocrates pro-européens ont alors rejoint le mouvement Maïdan, demandant plus d’intégrité publique. Pour sympathique qu’il soit, il n’a pas atteint 50 % de soutiens dans le pays selon plusieurs sondages.
● Une petite fraction fascisante du mouvement a constitué des milices armées, qui ont affronté durement les forces de l’ordre – tuant une vingtaine de policiers par balle, et comptant en retour des dizaines de morts, dont certains dans des conditions très suspectes.
● Le 21 février, un accord était signé par toutes les parties, prévoyant de futures élections présidentielles, et un gouvernement d’union nationale. Cela aurait pu finir en "happy end" à ce stade, si la France avait honoré sa signature.
● Juste après les milices factieuses ont chassé le Président (très probablement corrompu, mais démocratiquement élu), le menaçant de mort : définition même d’un coup d’État.
● Le gouvernement nommé ne fut alors en rien "d’union nationale", ne comprenait aucun représentant des russophones, et, bien pire comprenait 6 ministres (sur 19) appartenant ou ayant appartenu à des organisations néonazies/fascistes, dont 4 au parti Svoboda, et donc 13 ministres n’ont vu aucun problème à gouverner avec ces gens-là. D’où l’expression "gouvernement fascisant". Evidemment, ce n’était pas le IVe Reich non plus. Cependant la présence de ministres néo-nazis ou fascistes dans le plus grand pays d’Europe, cela mérite un peu d’indignation et d’enquête…
● Une nouvelle majorité de droite très dure a commencé par s’attaquer au statut de langue régionale officielle du russe, puis au parti communiste – ce qui en dit long sur ce nouveau pouvoir…
● Cela a effrayé la Crimée, qui est donc partie, et le Donbass, qui a utilisé à l’Est les mêmes méthodes d’insurrection qui avaient marché à l’Ouest 3 mois auparavant.
On peut évidemment en débattre, mais beaucoup de ces faits sont assez clairement établis. Dans cette histoire, la Russie n'est pas blanche. Cependant, que dirait-on si la Russie venait pousser la Belgique à quitter l’UE et l’OTAN, ou venait défendre les droits démocratiques des Catalans à faire cession d’avec l’Espagne ? Un des principes de la propagande en Démocratie est de présenter toute situation de façon manichéenne, ce qui n’est pratiquement jamais le cas… Ici, on aurait supposément une Ukraine démocratique face à la méchante Russie, la propagande russe expliquant que tout officiel en Ukraine est un adorateur d’Hitler. Il faut trouver le juste milieu.
Avec 600 000 km², l’Ukraine est le plus grand pays d’Europe.
À l’exception de l’Ouest, le pays est relativement plat et l’agriculture y est très développée.
La capitale est Kiev (2,6 M), et le pays compte 7 villes de plus de 700 000 habitants. Notez Lviv, la capitale de la Galicie, à l’Ouest, dont nous reparlerons longuement.
L’Ukraine comprend 24 régions administratives ou oblasts, auxquelles s’ajoutait la République Autonome de Crimée.
Les régions historiques sont les suivantes (notez la Galicie et la Volhynie, on en reparlera) :
Les infrastructures sont les suivantes :
Ainsi :
Frontalière de 7 pays, disposant d’une large ouverture sur la mer Noire, l’Ukraine est donc idéalement située pour servir de pont entre l’Union Européenne et la Russie – si tout est bien géré…
Dans l’Antiquité, la steppe de l’Ukraine n’est qu’une terre de passage.
L’Ukraine est en fait le berceau de la civilisation slave car au VIe siècle, des tribus slaves arrivent du Nord et s’installent le long des rives des principaux fleuves.
Voici le premier État slave de l’histoire : « la Rous’ de Kiev » (ou Rus’), qui a existé du IXe au XIIIe siècle et était alors le plus vaste et le plus puissant des États d’Europe, stratégiquement placé à un important carrefour commercial.
Les princes de Kiev vont jusqu’à assiéger Constantinople en 911 et à obtenir un traité de commerce avec l’empire byzantin.
Cet État prospéra pendant trois siècles, avant de se dissoudre sous le double effet de luttes intestines de successions et de l’essor de l’empire mongol. La Russie se voit comme une descendante de la Rous’. Pour elle, la Rous’ perdure et la Russie doit en rassembler les héritiers. C’est la raison pour laquelle ils appellent l’Ukraine, Malo Russia, « petite Russie ».
C’est un point très important pour les Russes :
« Permettez-moi de dire très franchement que ce qui se passe actuellement en Ukraine nous touche profondément, et qu’il est douloureux pour nous de voir la souffrance de la population et son incertitude sur la façon de s’en sortir aujourd’hui et sur ce qui l’attend demain. Nos préoccupations sont compréhensibles parce que nous ne sommes pas simplement de proches voisins, mais, comme je l’ai dit plusieurs fois déjà, nous sommes un même peuple, une même nation. Kiev est la mère des villes russes. La Rus’ de Kiev ancienne est notre source commune et nous ne pouvons pas vivre l’un sans l’autre. »[Vladimir Poutine, 18 mars 2014] À lire en intégralité ici sur ce blog
Depuis près de mille ans, cette partie de l’Europe a été au cœur des luttes d’influence et de constitution des grands ensembles européens.
Après la disparition de la Rous’, l’Ukraine est est écartelée entre les puissances de l’époque et devient le jouet de leurs luttes.
Le mongol Batu Khan, petit-fils de Gengis Khan, détruit alors Kiev en 1240 ; il devient alors le premier khan du nouveau royaume de la Horde d’Or. Cette date est l’acte de séparation du peuple de la Rus’ de Kiev en deux peuples distincts : les Russes qui ont fui vers le Nord et l’Est et qui vont organiser la reconquête sur les Mongols à partir du 14ème siècle, et les Ukrainiens restés sur place et qui seront soumis à la Lituanie et la Pologne. C’est pourquoi la Russie a montré une tendance, depuis, à « réunifier » le peuple russe, tandis que les Ukrainiens ont eu l’impression d’entrer dans la sphère occidentale avec la conversion des nobles lituaniens au catholicisme.
La pression mongole fait naître une multitude de principautés qui peinent à demeurer indépendantes. La Galicie est ainsi autonome au XIIe siècle. Elle s’unit ensuite à la Volhynie et le prince de Galicie-Volhynie reconnait l’autorité de Rome en 1253. La première tradition catholique sur une terre ukrainienne nait alors dans sa frange occidentale. La dynastie s’éteint et l’invasion lithuanienne fait disparaitre cette principauté en 1340.
Les Lithuaniens repoussent les Mongols au-delà du Dniepr et occupent Kiev en 1362, constitutant le Grand duché de Lituanie, en occupant la majeure partie de l’Ukraine.
Puis en 1385, la Pologne s’empare de la Volhynie et de la Galicie. La Lituanie se trouve alors (déjà…) au centre de la lutte entre le monde russe-orthodoxe et le monde polonais-catholique.
En 1569, l’Union de Lublin consacre l’union du royaume de Pologne et du Grand-duché de Lituanie (dite « République des Deux Nations »). L’Ukrainien est désormais en situation d’infériorité dans une société très stratifiée :
l’aristocratie polonaise domine et assimile peu à peu une partie de la noblesse ukrainienne ; la bourgeoisie demeure un mélange de peuples essentiellement non ukrainiens (Juifs, Allemands) ; la paysannerie, seule, demeure ukrainienne mais ne dispose d’aucun droit ni politique, ni civil ; elle est totalement dépendante des seigneurs – situation qui laissera des rancunes tenaces.
Au niveau religieux, le catholicisme gagne les élites aristocratiques ukrainiennes polonisées tandis que les paysans demeurent fidèles à l’orthodoxie. En 1596, le concile de Brest-Litovsk reconnait l’autorité du Pape : c’est la naissance de l’Église ukrainienne gréco-catholique, dite uniate, qui marque le début de tensions religieuses fortes (soulignons que ce catholicisme ukrainien est de rite grec qui est « intermédiaire » entre le catholicisme polonais et l’orthodoxie russe). Chaque parti cherche des appuis extérieurs : les catholiques vers la Pologne et les orthodoxes vers la Moscovie.
Ces derniers trouvent un relais chez les Cosaques zaporogues qui naissent dans les steppes du bas Dniepr ; ceux-ci s’organisent avec un gouvernement autonome et qui élit un chef, l’hetman. La Pologne leur reconnait une certaine autonomie en 1572.
C’est alors que l’hetman cosaque, Bogdan Khmelnitsky, pour s’opposer à la domination polonaise, recherche la protection de la Moscovie et signe alors le traité de Pereislav en 1654. Le Tsar reconnaît les droits des hetmans et les libertés cosaques. En fait, les Russes y trouvent l’occasion de réunifier la Rous’ sous leur domination et de vassaliser l’Ukraine, cette Petite-Russie. Après la mort de Khmelnitsky, ils s’entendent rapidement avec les Polonais lors de la paix d’Androusovo en 1667, pour se partager l’Ukraine de part et d’autre du Dniepr et dissoudre toute velléité d’autonomie. La plus grande partie, vingt-deux millions d’habitants, est soumise à l’autocratie russe. Cet État centralisé et patrimonial met sous dépendance la Petite-Russie, partie intégrante de l’Empire.
Un protectorat, l’hetmanchthina, laisse subsister une certaine autorité aux hetmans mais leurs prérogatives sont progressivement rognées ; le bref État cosaque, très réduit, a pris le nom d’Ukraine – signifiant « Notre pays » en ukrainien. L’Eglise orthodoxe ukrainienne est soumise à l’autorité du patriarcat de Moscou. En 1720, toute publication en ukrainien est interdite. L’intégration complète de l’Ukraine à la Russie est réalisée par le Tsar Pierre le Grand. En 1722, elle n’est qu’une simple province russe et les hetmans disparaissent.
En parallèle, la Russie affirme son emprise sur la paysannerie ukrainienne. Il est interdit aux paysans de quitter la terre et donc de fuir vers les terres libres des steppes. Les terres riches sont distribuées et constituent de grands domaines où les paysans sont soumis à la corvée. Catherine II poursuit cette politique de dépendance ; son oukase du 3 mai 1783 introduit le servage en Ukraine. La liberté séculaire du paysan ukrainien disparaît et toute mobilité sociale est de facto interdite.
La Russie ne peut cependant pas laisser libre les steppes du sud de l’Ukraine. Les Tsars cherchent donc à reconquérir ces territoires et à obtenir ainsi un débouché sur la Mer Noire. La Russie affronte alors l’empire ottoman et en 1771, les Russes conquièrent la Crimée. La paix de Kouchouk-Kainardj avec la Turquie en 1774 donne l’indépendance à la Crimée, mais dans l’orbite russe, et avalise l’occupation russe.
Dans la foulée, la Russie, la Prusse et l’Autriche s’entendent pour dépecer totalement la Pologne en 1772, 1793 et enfin 1795 :
En effet, Catherine II affirme vouloir « rassembler les terres russes » ; elle y parvient ainsi aux dépens de la Pologne.
La Galicie est alors rattachée à l’Autriche, le reste du pays intégrant la Russie. La situation perdure jusqu’à la Première Guerre mondiale.
Rappelons que la Guerre de Crimée a opposé de 1853 à 1856 la Russie à une coalition formée de l’Empire ottoman, de la France et du Royaume-Uni (avec 750 000 hommes de part et d’autre). Provoqué par l’expansionnisme russe et la crainte d’un effondrement de l’Empire ottoman, le conflit se déroula essentiellement en Crimée autour de la base navale de Sébastopol. Il s’acheva par la défaite de la Russie et la mort de 100 000 Français, 120 000 Ottomans, 20 000 Britanniques et 200 000 Russes. Si le traité de Paris de 1856 entraîna peu de changements territoriaux, il ouvrit la voie aux unifications italiennes et allemandes. Elle poussa aussi la Russie à revenir à son ancienne alliance avec la Prusse, ouvrant la voie à la défaite française de 1870.
Ainsi, l’Ukraine n’a jamais véritablement existé en tant qu’État avant 1914.
Durant la première guerre mondiale, les Russes occupent la Galicie en 1915 mais sont chassés par une contre-offensive des Allemands, qui finiront par occuper presque tout le pays. C’est une période de troubles que la révolution de 1917 catalyse.
Entre 1917 et 1920, près de six armées combattent sur les steppes ukrainiennes : armées blanches de Wrangel et de Dénikine, armée rouge, armée polonaise de Pilsudski, contingents occidentaux et armée anarchiste de Makhno. Toutes les tentatives d’indépendance ukrainienne – comme les deux brèves républiques ukrainiennes – sont balayées par les combats.
En mars 1921, le traité de Riga entérine le partage de l’Ukraine entre ses voisins. La Pologne garde la Galicie orientale, la Roumanie prend pied en Bukovine du nord et en Bessarabie du sud, la Ruthénie subcarpathique rejoint la Tchécoslovaquie et l’URSS s’empare à nouveau de l’Ukraine centrale et orientale. Ainsi une République d’Ukraine apparait pour la première fois sur la carte européenne, mais elle intègre la nouvelle URSS.
L’élimination de la paysannerie, les purges politiques en sont l’expression. Les cadres urbains du parti font liquider les paysans riches, les koulaks, en 1929-1930 comme dans le reste de l’Union.
Dans les années vingt, la nouvelle économie politique (NEP) promeut une forme d’autonomie culturelle, voire l’ukrainisation. Avec une certaine liberté accordée aux paysans, l’agriculture reprend et entraîne la reprise de l’industrie ukrainienne.
Mais partir de 1927, Staline essaie de « désukrainiser » violemment l’Ukraine. Cette période stalinienne atteint le paroxysme de l’influence russe et de l’étouffement des aspirations ukrainiennes. L’industrialisation et la collectivisation de l’agriculture sont forcées et vont à l’encontre des coutumes ukrainiennes et provoquent une réaction forte du pouvoir central. L’élimination de la paysannerie, les purges politiques en sont l’expression. Les cadres urbains du parti font liquider les paysans riches, les koulaks, en 1929-1930 comme dans le reste de l’Union. C’est entre 1930 et 1932 que la collectivisation forcée est accélérée.
Les terres sont réquisitionnées et des quotas de production excessifs sont fixés au-delà des possibilités ukrainiennes. Les récoltes chutent alors d’un tiers. La loi d’août 1932 sur la propriété d’État instaure la peine de mort à qui glane du blé. Les champs sont protégés et la famine s’étend sur l’Ukraine.
Entre cinq et six millions d’Ukrainiens meurent de cette politiques et près d’un million sont déportés. Un observateur note que « les seuls à manger à leur faim dans les campagnes étaient les communistes et les anthropophages ». Staline réussit à briser la résistance du monde paysan ukrainien et, en corollaire, intensifie de facto la russification. En effet, des paysans russes sont déplacés vers l’Ukraine dont les villages sont dévastés. Beaucoup dans l’Ouest du pays y voient aujourd’hui un véritable génocide des Soviétiques contre leur peuple (l’appelant Holodomor – littéralement « extermination par la faim) – d’où une forte rancœur contre les Russes.
En septembre 1939, conformément au Pacte germano-soviétique, l’Armée Rouge envahit l’Est de la Pologne, intégrant la Galicie à l’Ukraine.
L’Allemagne nazie occupe ensuite toute l’Ukraine entre 1941 et 1944 avant que le pays ne réintègre l’URSS.
En 1954, Khrouchtchev, lui-même ukrainien, décide de transférer la Crimée de la Russie à l’Ukraine – ce qui n’avait à l’époque guère plus de conséquence que transférer actuellement un département d’une région à une autre.
En 1991 seulement, le pays sera pour la première fois indépendant, pour arriver à la situation actuelle de « frontière » entre l’Union Européenne et la Russie.
Suite du billet précédent sur l’Ukraine
Index de la série
La population ukrainienne se monte à 45 millions d’habitants. (6e pays d’Europe). Ce pays connait une forte décroissance démographique depuis la fin de l’URSS, où il a atteint un pic de 52 millions d’habitants.
Cette situation est due à la fois à une forte hausse de la mortalité et à une forte baisse de la natalité (plus que 1,5 enfant par femme) ; le pays perd ainsi près de 200 000 habitants par an.
Par rapport à la France, on note une mortalité 60 % supérieure. L’Ukraine compte ainsi 200 000 décès de plus par an qu’avec le niveau français.
Il y a eu une amélioration récente, mais le pays a mis près de 20 ans pour retrouver son niveau du temps de l’URSS…
Au niveau de la densité, on note que la population est inégalement répartie, les grosses masses étant présentes à l’Est, à Kiev et à Lviv.
L’Ukraine est un pays multiethnique composé de cent trente groupes ethniques dont vingt-cinq d’importance. Néanmoins, l’Ukraine demeure un pays relativement homogène au point de vue ethnolinguistique, puisque plus des trois quarts de la population est d’origine ukrainienne. L’identité de cette population demeure même majoritairement slave, puisque les 78 % d’Ukrainiens et les 18 % de Russes comptent pour 96 % de la population.
Si on observe le pays en termes de populations ethniques, on constate une présence de Russes majoritaires en Crimée et très importante dans l’Est :
(Notez : il y avait un petit souci avec la Crimée….)
Autre fait marquant pour l’Ukraine : la population est désormais urbanisée à 67 % : le caractère paysan qui avait marqué l’identité des Ukrainiens tend donc à disparaître au début du XXIe siècle.
Suite du billet précédent sur l’Ukraine
Index de la série
Ce sujet est très peu évoqué, alors qu’il a son importance dans les évènements en Ukraine…
75 % des Ukrainiens croient en Dieu (Razumkov Centre, 2003). 60 % se déclarent cependant “athée ou dans l’incapacité de s’identifier à une religion précise”.
Parmi les 40 % de croyants clairement déclarés, plusieurs religions cohabitent, réparties ainsi : Orthodoxes : 70 %, Catholiques 15 %, Protestants 3 %, Musulmans 1 %. Il ne reste enfin que 0,1 % de Juifs dans le pays, cetet population ayant été durement frappée par la Shoah, et beaucoup de Juifs ayant émigré en Israel depuis la fin de l’URSS.
Voici la détail des différentes chapelles…
Là-encore, la population ukrainienne est très fragmentée en termes de religion.
Les religions s’organisent en 30 000 Communautés religieuses (« Paroisses ») – de taille différente.
Voici la proportion des appartenances de chacune de ces paroisses [Attention : ceci est intéressant pour analyser la répartition géographique d’une religion – mais comme les communautés sont de tailles différentes, ces cartes n’indiquent pas le poids réel de chacune des religions, il ne faut donc pas comparer les cartes des religions entre elles]
Ainsi, la Galicie est catholique, le reste du pays partagé entre l’orthodoxie et, quelque peu, le protestantisme.
Une forte communauté musulmane existe en Crimée, héritage de l’occupation ottomane jusqu’au XIXe siècle.
Suite du billet précédent sur l’Ukraine
Index de la série
La situation linguistique est un indicateur puissant de la division du pays.
Le recensement de 2001, s’intéressant à la langue maternelle, montrait ceci :
Près d’un tiers de la population a eu le russe comme langue maternelle.
On note donc une très forte implantation du russe à l’Est du pays, sautant aux yeux en Crimée – qui a été une terre russe pendant deux siècles.
Au total, 30 % des Ukrainiens ont eu le russe comme langue maternelle…
Voici la situation des langues parlées « à la maison » :
On constate que la langue russe (en tant que langue parlée au quotidien) est très étendue à l’Est…
… ce qui fait que la langue des discours officiels est très clivée dans le pays.
En croisant population ethnique et langues, on dresse ainsi le portait d’une Ukraine très fragmentée :
Dans la capitale, le bilinguisme russe-ukrainien demeure une nécessité car le nombre des russophones est légèrement supérieur au nombre des ukrainophones.
En conséquence, le soutien à l’officialisation de la langue russe est très fort à l’Est :
Voici en synthèse de cette longue étude les 5 Ukraines que nous pouvons discerner :