Samedi 3 et dimanche 4 FÉVRIER 2018 9E JOURNÉES EUROPÉENNES DU LIVRE RUSSE ET DES LITTÉRATURES RUSSOPHONES
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9-ые Европейские Дни Русской Книги и Русскоязычных Литератур
Женщина – писатель и героиня в русской литературе
Auteures et héroïnes dans la littérature russe
Dans un pays frappé par le fléau de la guerre et les convulsions historiques les femmes, ont de tout temps joué un rôle majeur dans la société russe et ont souvent été un rempart contre le délitement des familles.
De l’image de la femme que nous donnent les écrivains hommes, à celle que livrent les femmes elles-mêmes, nous nous attacherons à étudier, lors de cette édition, le rôle des femmes, auteures et héroïnes, dans la littérature russe.
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EN AVANT PREMIERE
samedi 27 janvier 2018 à 18h
Maïakovski, quel rôle pour l’artiste ?
Hommage à Claude Frioux
Lectures et projections de films
Centre de Russie pour la Science et la Culture
Exposition de couvertures de livres de Maïakovski publiés de son vivant – Editions Bibliokhronica
Centre de Russie pour la Science et la Culture
61, rue Boissière – 75116 PARIS
Métro: Boissières, Victor Hugo
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Samedi 3 février 2018 à 18h
Mairie du Vème arrondissement.
Remise du Prix Russophonia
pour la 12ème fois, pour la meilleure traduction littéraire du russe vers le français.
SELECTION DU PRIX RUSSOPHONIE 2018
Pour la douzième édition, le jury a retenu a retenu cinq traductions parmi un peu plus de soixante- dix ouvrages parus dans l’année.
Les traducteurs sélectionnés pour le prix 2018 sont :
Yves Gauthier pour “L’ours est mon maître” de Valentin Pajetnov, Ed. Transboréal
“Assoiffé de nature et d’aventure, un enfant russe de l’après-guerre se prend pour Tom Sawyer, à Kamensk, sur les rives du Don paisible. Pour vivre sa passion, le petit Valentin fait l’école buissonnière, fugue, se gave de livres, fraie avec les voyous. Mais, cédant à l’appel de la forêt, il choisit bientôt sa voie en devenant chasseur dans la taïga de l’Ienisseï. Son récit, commencé comme une autobiographie, se mue en dialogue avec le monde sauvage. Que fait-il donc quand la chasse en vient à le désenchanter ? Valentin Pajetnov s’installe aux sources de la Volga pour se consacrer à l’étude des ursidés, court les bois avec des oursons orphelins, les accompagne dans leur vie sylvestre, retient leurs leçons. Ce livre est celui d’un berger à ours tout à la fois chercheur, observateur et conteur, singulière pastorale qui révèle le rapport intime et fusionnel à la nature d’un Dersou Ouzala moderne”.
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Cécile Giroldi pour “Je suis Tchétchène” de German Sadulaïev, Ed. Louison
« Je suis tchétchène»: dans le contexte de nos sociétés taraudées par les racines et l’identité proférer une telle affirmation n’est pas si simple. L’auteur German Sadoulaev ose. Pour lui, aucune ambiguïté: “Il est difficile d’être un Tchétchène”. Ce récit en forme de vignettes dévoile sa capacité à scruter au plus profond de l’identité. Le fou du village, la vie dans la cour, l’homme qui invite les siens à ses propres funérailles, les embouteillages créés par les vaches, quelle distance, quelle lucidité, quel humour! Ici mythe et folklore se confondent avec la réalité sombre et tragique, que Sadoulaev nourrit. En la décrivant, il l’embellit (…) German Sadoualev affirme avec fierté, rudesse et amour, qu’il est tchétchène. Et c’est ce qu’il raconte dans ce récit aux allures de conte, en forme de nouvelles teintées d’autobiographie, sans début ni fin, mais serpentant, comme nous le faisons tous, seuls en compagnie de notre âme, en notre for intérieur. Le lecteur suit les méandres de sa mémoire avec attention, joie et tristesse, en épouse les contours meurtris (…) Car le lecteur veut savoir ce que cela veut dire, aujourd’hui, “être tchétchène”. » Anne Nivat
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Yvan Mignot pour “Œuvres : 1919-1922” de Velimir Khlebnikov, Ed.Verdier
“La révolution a eu lieu. Elle a entamé radicalement le siècle. En mai 1919, Khlebnikov quitte Moscou, une petite valise à la main : « Je vais dans le Midi, c’est le printemps. » Il part vers l’un des points les plus brûlants de la guerre civile, l’Ukraine. L’errance va durer plus de trois ans et le mènera autour de la Caspienne, en Azerbaïdjan, au Daghestan, en Perse, puis de nouveau en Russie. Il sera emporté par la misère et la gangrène à Santalovo, un village du Nord, près de Novgorod. La valise a fait place à une légendaire taie d’oreiller dans laquelle il entasse ses manuscrits, poèmes, proses, lettres, feuilles parfois volées ou envolées, qui accueille aussi son sommeil. Il écrit aussi dans l’urgence, dans l’obscurité, dans la maison des fous, au profond de la faim, des abris de fortune, devant des feux de camp où s’échangent pain et poème, pain et immortalité.”
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Jean-Christophe Peuch pour “Suicide de Marc Aldanov”, Ed. des Syrtes
“L’émigration ou la mort : c’est le choix qui se présente à l’intelligentsia russe au lendemain du coup d’État bolchevique d’octobre 1917. Emporté par le tourbillon de l’histoire avec des millions de ses semblables qui, comme lui, avaient accueilli avec bienveillance la révolution pacifique et libérale intervenue quelques mois plus tôt, l’un des personnages de Suicide s’interroge : « Sommes-nous coupables ? »
Embrassant plus de deux décennies de l’histoire russe et européenne (de 1903, année de naissance du parti bolchevique, à 1924, année de la mort de son chef), Suicide mêle habilement des personnages de fiction à des figures historiques telles que Vladimir Lénine, véritable fil conducteur du roman, mais aussi l’industriel et mécène russe Savva Morozov, l’empereur d’Allemagne Guillaume II, le monarque autrichien François-Joseph Ier et bien d’autres encore. Tous portent une part de responsabilité dans le suicide de l’Europe et de la Russie en ce début du XXe siècle.”
Roman bilan sur les bouleversements historiques de 1917, Suicide décrit, à travers le destin des époux Lastotchkine et de leurs proches, comment l’établissement d’une justice sociale par la violence porte en lui les germes de la tragédie, tragédie personnelle, mais aussi tragédie d’un pays et d’un continent.
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Christine Zeytounian-Beloüs pour “Le livre invisible suivi du journal invisible” de Sergueï Dovlatov, Ed. La Baconnière
Deux textes autobiographiques retraçant les aventures éditoriales de l’auteur dans la Russie communiste et faisant état de ses tentatives de monter un journal russe en plein New York capitaliste.
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SOIRÉE CINÉMA
Cinéma “Le Grand-Action”
Jeudi 1er février à 20h30
En partenariat avec Rivages Russie Evénements
“ANNA KARÉNINE”
Film d’ Alexandre Zarkhi (1967) avec Tatiana Samoïlova, Vassili Lanovoï, Anastasia Vertinskaïa, Nikolaï Grichenko, Maïa Plissetskaya, (145 min / 70mm / VOSTF)
Scénario de Vassili Katanian et Alexandre Zarkhi, d’après le roman éponyme de Léon Tolstoï.
Meilleure adaptation du chef d’œuvre de Léon Tolstoï, le film d’Alexandre Zarkhi réunit une pléiade d’acteurs parmi lesquels Tatiana Samoïlova, l’inoubliable Véronika de « Quand passent les cigognes » et Vassili Lanovoï, grand artiste du cinéma soviétique.
“Épouse d’un haut fonctionnaire de la bonne société russe du XIXème siècle, Anna Karénine tombe follement amoureuse du Comte Vronski qu’elle rencontre à Moscou. Pour conquérir le droit à la liberté d’aimer, elle va lutter contre le carcan d’une société étouffée par les principes et les convenances au péril de sa famille, de son honneur et de sa vie.”
Film de Denis Koudryavtsev (2017) – Durée 15mn Prix des festivals de Rostov sur le Don et de Montecatino (Italie) Film présenté par son jeune réalisateur moscovite. Christina, jeune membre d’un gang de marginaux, doit réaliser le vol d’une sacoche dans un 4X4. Se sauvant au volant de la voiture volée, elle va rapidement découvrir un étrange passager à l’arrière. Les rôles sont joués par des SDF.
Le Grand Action
5, rue des Ecoles 75005 PARIS
Tarif : 9€50 – Tarif réduit 7€50
(cartes UGC et membres de Rivages Russie Événements et France-Oural)
Réservation en ligne : www.legrandaction.com
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Mairie du Vème arrondissement
Samedi 3 et 4 janvier 2018
Sur le Stand d’ARTCORUSSE
Objets d’artisanats et présentation du livre
“Histoire d’une Église d’Émigrés russes, rue Olivier de Serres”
Cet ouvrage a été édité tout d’abord en russe en 2015, il vient de sortir des presses en français, comprenant de très nombreuses photos. (CLIQUEZ )
TABLES-RONDES
D’hier à aujourd’hui, quelle place occupent les femmes dans les lettres russophones ? Hommes et femmes de lettres face au tourbillon de l’histoire ? Marina Tsvetaeva – Nadejda Teffi Existe-t-il en Russie une littérature spécifiquement féminine dans sa forme et dans ses thèmes de prédilection? Au 20e siècle, alors qu’on assistait un peu partout à l’éclosion d’une littérature dans laquelle les femmes revendiquaient leur différence ou leur singularité, pourquoi n’a-t-on pas vu de mouvement semblable en Russie ? Dans l’ombre des hommes : Sofia Tolstoï – Nadjeda Mandelstam Muses et poétesses : Zinaïda Hippius – Marina Tsvetaeva – Nina Berberova Les chroniques et sagas familiales
Présentation d’ouvrages, ateliers pédagogiques, SALON DU LIVRE …
ATELIER DE TRADUCTION, durant ces deux jours.
Le thème central de cette édition sera dédié aux
« Auteures et héroïnes dans la littérature russe ».
Dans un pays frappé par le fléau de la guerre et les convulsions historiques les femmes, ont de tout temps joué un rôle majeur dans la société russe et ont souvent été un rempart contre le délitement des familles.
De l’image de la femme que nous donnent les écrivains hommes, à celle que livrent les femmes elles-mêmes, nous nous attacherons à étudier, lors de cette édition, le rôle des femmes, auteures et héroïnes, dans la littérature russe.
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Salle Pédrot – Samedi 3 février à 13h
« La problématique de la traduction du russe littéraire en français » Animé par Joëlle Dublanchet
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GRAND ENTRETIEN
AVEC LUDMILA OULITSKAÏA
“LE REGARD DES SLAVISTES”
Le destin des chefs de brigade du corps expéditionnaire russe en France Soljenitsyne et la presse française » – L’Archipel du Goulag : un séisme littéraire L’image de la femme dans l’œuvre d’Anton Tchékhov Femmes perverses et grandes amoureuses
dans l’oeuvre d’Ivan Tourguéniev Les figures féminines dans la tradition et le folklore russes Tatiana, muse et madone dans Eugène Onéguine d’Alexandre Pouchkine Trois présidents : M. Gorbatchev – B. Eltsine – V. Poutine La langue inconnue, de Khlebnikov à Novarina
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Dans la région de Krasnoïarsk, au sud de la Sibérie, un investisseur privé décide de terminer la construction d’une centrale hydroélectrique ; l’électricité sera vendue à la Chine. Un immense territoire est voué à disparaître sous les eaux.
Roman Sentchine raconte l’histoire simple des femmes et des hommes qui subissent les fléaux de l’injustice, de la bureaucratie et de la corruption, et doivent quitter leurs villages et leur campagne fertile. Ce roman basé sur une histoire vraie (la construction du barrage de Bogoutchany sur l’Angara entre 2008 et 2012) convoque divers personnages, parfois fatalistes, parfois révoltés, toujours touchants : la journaliste Olga, qui récolte des informations sur les habitants relogés de force et n’obtiendra que le silence ; Alexeï, le chef de l’administration du village, qui se bat pour que le cimetière, voué à être inondé, soit transféré en ville ; le vieil Ignati, qui raconte à son petit-fils Nikita la vie qu’ils menaient avant, et les traditions perdues…
La Zone d’inondation restitue avec une précision bouleversante les gestes du quotidien, la parole, la vie sociale, la vision du monde, les bonheurs et les malheurs d’une poignée de villageois destinés à se fondre dans la ville, et qui semblent soudain prendre conscience d’eux-mêmes.
Né en 1980, Serguei Chargounov, devenu écrivain et journaliste, s’est lancé en politique il y a une dizaine d’années à la tête d’un mouvement de jeunes révoltés. Brisé par les répressions du gouvernement de Poutine alors qu’il briguait, à vingt-sept ans, un poste de député, c’est sur les routes de son pays, du Caucase et d’Asie centrale, qu’il est parti en quête du sens de sa vie, inextricablement liée au sort de sa patrie. Il dirige avec Zakhar Prilepine le journal en ligne Presse Libre. Lauréat de plusieurs prix littéraires, ses livres sont traduits en anglais, italien, français et serbe. Depuis 2016, il est député à la Douma et œuvre en faveur de l’éducation et de la santé.
Traductrice Julie Bouvard, elle est née à Moscou et a grandi à Paris dans une famille biculturelle. En 2004, elle traduit deux recueils de nouvelles de Natalia Jouravliova (Ed. L’Inventaire). Elle achève une thèse sur la littérature russe du XIXe siècle tout en poursuivant son activité de traductrice. Elle est lauréate du Prix Russophonie 2011 pour sa traduction du “Syndrome de Fritz” de Dmitri Bortnikov.
Préface de Michel Onfray
La provocation est l’essence de la modernité. Les révolutions qui ont accouché du monde moderne ont marqué les étapes d’une décadence d’autant plus inexorable qu’elle a pris le visage du progrès. Le principe totalitaire est aussi universel que la présence en chacun de nous du « tiers inclus », à savoir l’espionnage des âmes exercé par un pouvoir inquisiteur qui s’installe à l’intérieur même des consciences. Ce principe tire son origine de la promesse du Christ de ne jamais quitter ses disciples.
Prenant appui sur l’affaire Azef, emblème de la provocation à la veille de la Première Guerre mondiale, déconstruisant un faux antisémitisme pour décrypter le mécanisme d’une intoxication de masse, guidé par Vassili Rozanov qui a posé les jalons de la « théologie de la provocation » en la mettant lui-même en pratique pour mieux en dénoncer les tenants et les aboutissants, Gérard Conio chemine à travers les grands bouleversements intellectuels de la culture russe pour dénoncer une vérité occultée: l’essence de la provocation est dans l’inversion des valeurs.
Et les catastrophes qui ne cessent d’ébranler le monde au nom de la démocratie et des « droits humains » sont la meilleure preuve de cette mystification qui s’appuie sur les grands sentiments pour nous fermer les yeux sur des vérités que nous refusons de voir.
Maria Galina est née en 1958 à Kalinine, Russie. Diplômée de la faculté de Biologie de l’Université d’Odessa, elle vit à Moscou depuis 1987 et est l’auteur d’une dizaine de romans. Elle officie également en tant que traducteur littéraire et a notamment traduit en russe Stephen King, Jack Vance ou Clive Barker. L’Organisation a été lauréat des prix Marble Faun, Portal et Silver Caduceus. Son oeuvre est traduite en anglais, italien et polonais.
“1979, une ville portuaire provinciale russe. Après avoir raté ses examens d’entrée à l’université, Rose, 17 ans, obtient un emploi comme secrétaire au Centre d’Assainissement et d’Épidémiologie du port, bureau CSE/2. En quoi celui-ci diffère du bureau CSE/1, responsable de l’inspection des cargaisons à la recherche de virus et bactéries étrangères, n’est pas très clair aux yeux de la jeune femme. Peu importe le bureau, ce sont les mêmes rapports interminables, la même hiérarchie figée, les mêmes employés désabusés se débattant face aux défis de cette période de stagnation économique : pénurie de biens, appartements surpeuplés, queues interminables…
Mais quand la police découvre deux cadavres étrangement mutilés, la véritable activité du bureau CSE/2 est mise à jour : la lutte contre les parasites de nature non-biologique, plus communément appelés… démons. Pressés par les autorités qui voient d’un mauvais œil l’irruption d’un monstre à l’approche des Jeux olympiques, les membres du CSE/2 se lancent à la poursuite d’une antique divinité, un esprit malfaisant qui se repaît de la faim. Tandis que la panique gronde dans la ville et que l’émeute menace, Rose se retrouve plongée au cœur d’événements dramatiques qui surpassent de loin ceux de ses romans d’aventure favoris”.
Préface de Georges Nivat :
À cheval sur l’Europe et l’Asie, qui l’envahirent à plusieurs reprises, sans héritage gréco-romain ou catholique, occidentalisée de force (dans ses couches supérieures) par Pierre le Grand qui, au début du XVIIIe siècle, « perça » une « fenêtre sur l’Europe », la Russie a fait de son rapport à l’Occident non seulement une question géopolitique, mais aussi existentielle et philosophique : il en va de son identité nationale, de son organisation sociale et politique, de son « âme » ou de sa « civilisation », et du lien de celle-ci avec les « valeurs universelles » des Lumières. Dès le début du XIXe siècle, écrivains et penseurs russes débattent, et se divisent, sur les voies du développement de la Russie : faut-il protéger la Russie du poison européen de l’athéisme et de la dépravation (M. Magnitski, 1820), sauver l’Europe de la décadence (A. Kraïevski, 1837), ou devenir des Russes d’esprit européen (V. Biélinski, 1841), et suivre le même chemin que l’Europe occidentale, en nous gardant de ses erreurs (N. Dobrolioubov, 1859), pour ensuite la rattraper et la dépasser comme le voulaient les bolcheviks ? La « révolution conservatrice » actuelle, qui se développe en réaction à la perestroïka, avec son anti-occidentalisme, la dénonciation de la décadence de l’Occident « pourri », le rejet du modèle libéral-démocratique pour une voie russe originale, ou eurasienne (A. Douguine, 2011), ne peut être comprise sans remonter aux débats de la première moitié du XIXe siècle, qui restent d’une étonnante actualité.
Sans équivalent dans quelque langue que ce soit, cette anthologie, avec ses nombreux textes traduits pour la première fois en français, ses notices de présentation qui la rendent accessible au grand public, son absence de parti pris, permettra d’avoir du rapport intellectuel ou idéologique de la Russie à l’Occident une vue étendue et approfondie (140 auteurs, qui reflètent beaucoup mieux une réalité complexe et variée que les quelques dizaines de noms auxquels on se réfère d’habitude). Sur plus de deux siècles, on pourra suivre l’évolution d’idées antagonistes issues d’une part des Lumières françaises (droits de l’homme, État de droit, démocratie, principe individuel, cosmopolitisme), d’autre part du romantisme allemand (génie national, individualité nationale, idéalisme), et la permanence de mythes historiosophiques qui fondent l’altérité de la Russie et sa mission salvifique ou régénératrice. Cet ouvrage est nécessaire à tous ceux qui s’intéressent à la Russie présente ou passée ou qui veulent suivre le destin des idées européennes sur le sol russe.
Michel Niqueux est professeur émérite de l’Université de Caen Normandie.
Trad. du russe par Véronique Patte
EN CLÔTURE DES JOURNÉES DU LIVRE RUSSE
– Salle Pierrotet – dimanche 4 février à 17h
Romances russes avec le ténor Igor Dergai accompagné au piano par Natalia Dergai.
Salle des Fêtes – dimanche 4 février à 18h “JE PORTE SON ANNEAU AVEC DÉFI”
Récital poétique pour voix et violon d’après l’œuvre de Marina Tsvetaïeva, avec Nathalie Conio, comédienne et Maria Christiany, violoniste. -Salle des Fêtes – dimanche 4 février à 19h30
Défilé de tableaux-vivants robes réalisées par l’artiste Larissa Noury en collaboration avec le couturier Jean-Marie Pujol, accompagnement musical avec la violoncelliste Svetlana Kossyreva-Lischke
21, place du Panthéon, 75005, Paris