Les socialistes ont d’ailleurs pris une large part dans cette russophobie ambiante et dans l’affrontement voulu, organisé et entretenu par leurs inspirateurs et maîtres atlantistes.
Il est heureux que des médias alternatifs apportent leur contribution à la lutte contre la gigantesque campagne de désinformation et d'intoxication entreprise par les médias mainstream.
En cet anniversaire du 8 mai 45 nous retrouvons opportunément un article déjà ancien (2016) paru dans AGORAVOX, article qui fait litière de certains mythes soigneusement entretenus à propos du conflit mondial 39-45.
L'auteur voudra bien nous pardonner quelques petites coupures et quelques modifications mineures relevant du style ou de la correction orthographique et grammaticale.
Le texte original est accessible via les références signalées ci après.
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9 mythes russophobes
Tiré de AGORAVOX
Jacobin
jeudi 30 juin 2016
PARTIE I :
Mythe n°1 : Le Pacte Molotov-Ribbentrop fut un coup de poignard dans le dos des Anglo-Français
Mythe n°2 : C’est l’hiver qui a arrêté des Allemands
PARTIE II
Mythe n°3 : C’est grâce aux convois alliés de l’Arctique que les Russes ont arrêté les Allemands
Mythe n°4 : Les Russes pouvaient reculer indéfiniment
Mythe n°5 : Les généraux Russes étaient nuls et ne savaient qu’offrir la poitrine de leurs soldats
Partie III
Mythe n°6 : Les Russes se sont comportés comme des barbares avec les Allemands
Mythe n°7 : L’Armée Rouge était sous-équipée et moyenâgeuse
Mythe n°8 : Sans le débarquement allié, les Russes étaient cuits
Mythe n°9 : C’est la bombe atomique qui a fait capituler les Japonais
En cette heure où le révisionnisme le plus surprenant le dispute à la propagande la plus insensée. En cette époque où de plus en plus de quidams, intoxiqués au lait débilitant d’Hollywood, croient dur comme fer que les USA ont gagné la guerre contre les Allemands à eux tout seuls ou presque, il semble important de remettre les pendules à l’heure sur quelques lieux communs forts répandus et pourtant sans aucun fondement sérieux. Les Allemands, après les Français et les Suédois, ont commis ce 22 juin 1941, la terrible erreur de sous-estimer le peuple Russe. J’aimerais que la bande de somnambules qui travaillent à nous amener au même désastre ne commettent pas la même erreur dont nous devrons payer le prix pour eux. Ces mythes, acquis pour beaucoup, en dépit de toute la documentation et de la simple observance des faits, participent à ce déferlement acharné de mépris haineux pour tout ce qui est Russe. Ce genre de rumeur xénophobe précède presque tout le temps celui des bottes. Gardons présentes à l’esprit les erreurs d’hier pour faire taire les boutefeux du jour.
I. Le Pacte Molotov-Ribbentrop fut un coup de poignard dans le dos des Anglo-Français :
Qui n’a entendu cette antienne déclamée des dizaines, des centaines de fois dans un souffle outragé par un interlocuteur rétrospectivement indigné ?
Cependant…
Cependant, pour qu’il y ait « coup de poignard », eût-il encore fallu qu’il y eut une alliance, un contrat, ou tout au moins un accord à trahir. Or, il n’y avait aucune alliance, aucun accord, pas le moindre, entre les anglo-français et l’URSS. Aucun.
Bien au contraire, les premiers, adversaires implacables des seconds depuis 1917, encourageaient chaleureusement le Drang nach Osten du régime nazi, la peur du rouge étant bien plus affirmée que celle du nazi.
Ces mêmes puissances venaient, elle-mêmes, un an à peine avant, de renier leur parole et de faire leur propre pacte de non-agression avec les nazis à Munich, sans aucunement consulter les Russes et suscitant l’indignation de ces derniers.
La jeune Tchécoslovaquie fut dépecée et même la Pologne participa au festin. Donc, non, le pacte germano-soviétique ne fut nullement une trahison mais une juste "réponse du berger à la bergère". L’URSS ne nous devait rien. Strictement rien, et elle avait même toutes les raisons de jouer "perso".
Par contre, il est étonnant de constater que personne, jamais personne, ne parle des USA qui nous ont proprement "laissé tomber" en 39 face à la menace de l’ogre germanique.
II. C’est l’hiver qui a arrêté les Allemands.
Voici un mensonge, un mythe particulièrement scélérat car il insulte la mémoire de millions d’hommes et de femmes qui se sont battus pied-à-pied dans les six premiers mois de la guerre pour résister à une horde de barbares fanatisés et lui infliger, dès ce moment, au prix de leur sacrifice, une blessure dont elle ne se remit jamais.
Que penserait-on si un pays enseignait officiellement que l’eau a arrêté les Allemands sur la Marne en 14, ou la pluie à Verdun en 1916 ? Grotesque et scandaleux non ? Alors imaginez la tête d’un brave Russe à qui vous expliquez que chez nous, officiellement, c’est le général Hiver qui a arrêté les Nazis.
C'est un fait que les Russes, mal préparés, trop souvent horriblement mal encadrés par des officiers généraux très récents et en conséquence incompétents, ont subi des désastres d’une ampleur encore jamais vue dans l’Histoire: cinq millions de soldats tués, prisonniers ou disparus dans les six premiers mois de la guerre. On a véhiculé l’idée d’une promenade victorieuse de l’armée allemande seulement arrêtée par la distance, l’usure du matériel et surtout le fameux et terrible hiver Russe.
On « oublie » au moins une petite chose : dans le même temps, dans ces mêmes six premiers mois, l’armée allemande avait perdu près de 600 000 hommes (!!!). Il est certain que c’est moins que les 5 millions de soviétiques, mais c’est déjà deux fois les pertes Allemandes de Verdun, et ce chiffre aussi était totalement nouveau, impensable, à l’époque.
Dès la fin août, l’état-major allemand paniquait en constatant que le plan avait pris deux mois de retard, et que les blessures inouïes infligées à "l’ours" ne l’avaient pas abattu.
Gudérian, le génie des chars, le résume assez bien : « qu’une armée mal équipée, mal commandée, ayant perdu 5 millions de soldats et reculé de près de mille kilomètres continue à se battre pied à pied, c’est un cas de figure que nous n’avions jamais envisagé à l’école de guerre ». Ce n’est pas l’hiver qui a arrêté les nazis à 50 kilomètres de Moscou, ce sont les Russes. Comme ce sont les Russes qui ont arrêté les nazis devant Leningrad. Le grand Joukov avait encore 700.000 sibériens en réserve autour de Moscou quand les Allemands ont été stoppés. Et il ne les a engagés que dans la terrible contre-offensive d’hiver, où, comme en 1813, les Russes auraient pu déferler jusqu’à Berlin sans l’incroyable génie militaire et humain allemand qui a tenu la ligne dans ce désastre de l’hiver 41-42 .
D’ailleurs, lors des opérations de l’été 42, à aucun moment, Hitler n’a repris d’offensive vers Moscou, pourtant à moins de 400 km des lignes de front. Il savait, d’une part ne pas en avoir les moyens, et, d’autre part, que cela ne servirait à rien. Même Moscou prise, comme en 1812, l’URSS n’aurait pas capitulé. Toute la puissance industrielle, ayant été transférée loin à l’Est dès le début des années 30, restait presque intacte, tandis que les dernières usines ukrainiennes furent démontées sous le canon ennemi par des ouvriers et ouvrières héroïques avant d’être remontées dans l’Oural ou de l'autre côté de la Volga sous les premières neiges, les ouvriers travaillant déjà sous les premiers flocons tandis qu’on n’avait pas encore installé les toits.
On dit de Verdun ou de la Marne qu’elles furent des victoires françaises car l’attaquant était allemand et qu’il n’avait pas atteint ses objectifs initiaux. De la même manière, au prix d’un sacrifice presque insensé, les Russes sortirent victorieux de l’opération Barbarossa car aucun, strictement aucun des buts Allemands ne fut atteint. Les Japonais ne s’y trompèrent pas, et considérant les Allemands "cuits" dès septembre-octobre 41 et ayant gouté à l’efficacité Russe à la frontière Mongole en 1939, renoncèrent à déclarer la guerre à l’URSS malgré l’insistance d’Hitler.
Hitler avait parié sur une guerre éclair et sur un effondrement rapide à la polonaise ou la française; or il entrait par obligation dans une guerre d’usure qu’il n’avait aucun moyen de gagner.
Pas plus en 1941 qu’en 1812, l’hiver Russe ne causa la défaite de l’agresseur; il la rendit seulement désastreuse.
III. C’est grâce aux convois anglo-saxons de l’Arctique que les Russes ont arrêté et vaincu les Allemands.
Celui-ci est intéressant car il est relativement récent. En effet, jusqu’aux années 80, nul n’aurait osé proférer une si profonde stupidité. Mais comme, depuis une dizaine d’année, on voit un retour en force de la propagande anglo-saxonne aux relents de guerre froide [...] il convient de considérer et de répondre brièvement à l’inanité de ce mythe-là.
Tout d’abord, on l’a vu dans le deuxième opus de cette série, les Allemands avaient déjà perdu en Octobre 1941,du fait qu'ils n'avaient atteint aucun de leurs objectifs initiaux, et qu'à la fin de l’hiver 41-42 ils avaient perdu plus d’un million et demi d’hommes (morts, blessés, prisonniers, disparus) et étaient contraints à une guerre d’usure dont ils ne voulaient à aucun prix.
Blessure mortelle, le reste ne fut qu’agonie et sursaut. Or, l’effort incontestable des alliés pour fournir matériels et matériaux à l’URSS par l’océan Arctique n’a commencé à être réellement significatif qu’à mi-42. Les Russes ont été laissés totalement seuls aux pires moments de 41, et les quelques petits convois de cette année-là, en plus d’être tardifs, furent plus symboliques que réellement efficients dans l’effort de guerre, sans parler même d’être décisifs.
Une petite vingtaine de cargos de 5.000 tonnes chacun ne pouvaient avoir qu’un effet infime dans l’affrontement colossal en cours. A mi-42, les Allemands, définitivement bloqués devant Moscou et Leningrad, n’ont réussi qu’une ultime percée sans lendemain au sud vers les champs de pétrole du Caucase et n’ont avancé que de trois cent kilomètres à l’est avant d’être bloqués à Stalingrad et de perdre toute leur sixième armée et 600 000 hommes des troupes non germaniques de l’Axe: Roumains, Hongrois et surtout Italiens.
La fourniture par l’Arctique a vraiment "donné à plein" à partir de 43, et si les Russes ne pouvaient pas se permettre de dédaigner ce qui représentait tout de même presque 10% de leur équipement, essentiellement sous forme de camions et véhicules, à aucun moment l’effort allié n’a souffert la comparaison avec les plus de cent milles canons, cent mille chars, dizaines de milliers d’avions, d’armes individuelles, les millions de tonnes de munitions, les centaines de millions de tonnes de matières premières produites par l’URSS elle-même. Prétendre que ce sont les livraisons alliées qui ont brisé la machine de guerre nazie est si surréaliste que l'on se demande même comment on peut argumenter à ce propos.
IV. Les Russes pouvaient reculer indéfiniment.
Là encore, un mythe qui perdure, et qui perdure par simple méconnaissance géographique. Les Allemands auraient eu des distances énormes à franchir, et il suffisait que les Russes reculent en attendant l’hiver. Ils pouvaient reculer indéfiniment.
1.600 km séparent Berlin à Moscou. Sauf que ce n’est pas la distance de capitale à capitale qui compte, mais le départ de la ligne de front, qui s'est situé aux confins de l’actuelle Lituanie au nord, presque à la frontière Biélorusse pour l’attaque sur Moscou, et sur la frontière orientale de la Roumanie pour le front sud. Or, au nord, sur le front de Leningrad, la distance d’arrêt définitif des Allemands fut de 700km. Sur le front de Moscou, de 900 km, et à peu près autant sur le front d’Ukraine au sud. Les Russes n’ont pas reculé de 2.000 km.
Au-delà, il faut considérer le timing de Barbarossa. Loin d’être une poussée continue, inexorable de juin 41 à fin octobre, il y eut trois phases.
La première, vraie guerre éclair, magistrale, dura encore moins qu’en Pologne et en France, à peine trois semaines. Dans ces laps de temps, du 22 juin au 9 juillet, la Wehrmacht détruisit des armées entières (des millions d'hommes) et avança [...] de 400 km au nord et au centre, tout en se limitant à 100 km au sud. Et là, comme en France, les Allemands crurent la partie gagnée. Dans l’histoire de l’humanité, nulle nation n’avait jamais pu poursuivre le combat après de telles pertes, encore jamais vues de mémoire d’homme. Mais, à partir du 9 juillet jusqu’au 1er septembre, en deux mois, les Allemands n’avancèrent plus que de 150 km au nord même s’ils s’enfoncèrent dans la partie ouest de l’Ukraine.
Deux mois à découvrir l’opiniâtreté du soldat russe, qui meurt plutôt que de se rendre. Deux mois à comprendre enfin ce que disait Murat en 1812, que ce fantassin russe, "on était obligé de le tuer deux fois". Deux mois à commencer à goûter la technologie Russe et à apprendre à subir des pertes énormes à son tour.
Au 1er septembre, la horde nazie n’est plus qu’à 300 km de Moscou. Et ni septembre, ni octobre, ni novembre ne lui permettront d’atteindre ses objectifs.
Si l'on compare les distances, c’est un peu comme si les alliés, en mai 40 avaient bloqué les Allemands quelque part entre Paris et la Loire vers le 1er juin, puis leur avaient fait payer horriblement cher une poussée de deux mois jusqu’à la Garonne où les troupes n’auraient plus reculé, alimentées en hommes et en armes par les ressources immenses des deux empires Français et Britanniques, adossés à la puissance industrielle américaine. Voilà le niveau de la performance russe.
Comme lors du rétablissement miraculeux des Français sur la Marne en 1914, ce ne fut pas une histoire de génie d’état-major ou de suprématie logistique, ce ne fut ni une histoire de généraux ni de politiciens. Ce ne fut pas une question de distance ou de rigueur saisonnière. Ce fut la victoire de millions de citoyens-soldats qui luttèrent, pied à pied, au prix de souffrances inouïes, pour leur survie contre un ennemi monstrueux.[...]
Est-ce cet héroïsme que nous n’avons pas eu que nous ne pouvons leur pardonner, nous forçant à chercher tous les prétextes pour le dévaloriser avec la mauvaise foi typique du vaincu ?
V. Les généraux Russes étaient nuls et ne savaient qu’offrir la poitrine de leurs soldats.
Dans les premiers mois de la guerre, cela était vrai. C’était d’autant plus vrai qu’une fantastique opération de « magie-noire » des services secrets Allemands avait réussi le prodige d’intoxiquer Staline et de lui faire exécuter pour « trahison » , 95% des officiers généraux et 80% des officiers supérieurs de l’Armée Rouge en 1938.
Or, mmanipuler des brigades, des divisions, des corps ou des armées de milliers, de dizaines, de centaines de milliers d’hommes, sur des distances importantes en combinant des armes aussi complexes et avides de logistique que l’artillerie, les blindés et l’aviation, ne s’improvise pas facilement. Ce corps d’officiers était donc globalement, notoirement incompétent au moment du premier choc. Ces chefs incompétents, totalement débordés par leur tâche et menacés du peloton au moindre soupçon de trahison, n’avaient qu’une seule ressource, profondément stupide, profondément meurtrière, qu’on savait totalement absurde dés 1914, celle de faire charger leurs hommes bêtement face à la puissance de feu moderne. Les dégâts furent cataclysmiques.
Cependant, très rapidement, d’excellents généraux, et Joukov en particulier, s’élevèrent contre cette stupidité criminelle et l’état-major en vint même, dés 42, à menacer du poteau les officiers lançant leurs troupes à l’assaut sans préparation d’artillerie, support aérien et blindé. Au fur et à mesure que se révélaient des officiers de valeur, ce genre d’anachronisme mortifère diminua sensiblement puis finit par disparaître.
D’ailleurs, le rapport des pertes au combat Allemand-Russe s’équilibre en 43 et devient favorable aux Russes en 44. Comme souvent, c’est la première année de guerre qui fut la plus meurtrière. Ce fut le cas pour les Français en 14 quand la première année de combat, celle de Joffre, totalisa autant de pertes que les 3 autres années de guerre. Là aussi, beaucoup de généraux et officiers supérieurs, pourtant dûment brevetés, se montrèrent totalement dépassés. Ce fut aussi le cas des troupes Américaines inexpérimentées en Normandie qui, en deux mois de combat, comptèrent la moitié de leurs pertes totales sur le front européen avec pourtant, une suprématie aérienne totale et contre des combattants Allemands démoralisés et loin d’être les meilleurs de la Wehrmacht.
Durant, cette guerre, on a eu aussi l’exemple de charges profondément stupides et suicidaires chez les Japonais. Là aussi, la profonde incompétence d’officiers eut une part prépondérante. Mais curieusement, l’inconscient collectif occidental ne montre nul mépris, nulle arrogance face à cette stupidité barbare mais au contraire, la magnifie d’une manière quasi romantique.
Les Russes eurent, eux aussi, leurs grands généraux: Timochenko,Tchouïkov, Meretskov Petrov,Rokossovsky, Joukov étant le plus illustre d’entre eux. Mais il est vrai que l'on a peut-être du mal à reconnaître le génie militaire d’un ancien ajusteur, cavalier rustique, autodidacte, monté « à la force du poignet » et qui dés 1939 infligea un déroute décisive aux Japonais sur la frontière Mongole.
VI. Les Russes se sont comportés comme des barbares avec les Allemands.
Celle-là, il fallait l’oser. Mais beaucoup sautent le pas. Un « documentaire » français, Apocalypse, ouvre sur un Berlin en ruines avec une musique de circonstance et une voix sinistre qui annonce…. Qui annonce quoi au fait ?
Quand on considère les innombrables et innommables crimes commis par les Allemands en URSS, les milliers de villages exterminés, la réduction en esclavage, les viols par millions de femmes, d’enfants, commis par les soldats Allemands, plus de 15 millions de civils assassinés ou tués au travail, on se dit que le soldat Yvan qui découvrait cela au fur et à mesure de son avance vers l’Ouest, n’avait aucune raison d’éprouver la moindre sympathie pour le barbare qui avait fait subir cela à son peuple.
Mais là encore, le viol, s’il fut massif, ne fut pas le propre de l’armée rouge. Les troupes alliées pratiquèrent aussi massivement cet apanage du soudard à travers les âges; mais on retient essentiellement l’action d’Yvan Popov qui lui, avait pourtant plus de circonstances atténuantes que le gars du Kentucky ou le sujet quelconque de l’Empire Français.
Et il faut bien avouer qu’en la matière, il faut croire les Allemand(e)s sur parole, les sources n’étant ni consensuelles ni impartiales, loin de là.
Rappelons qu’en Algérie, des historiens affirment que la troupe Française a violé et assassiné massivement, [..]. Pourtant ceci est très contesté en France. En quoi les assertions allemandes et leurs alliés tout comme celles d’anglo-saxons en pleine guerre froide, seraient-elles plus fiables que les démentis officiels Russes ?
Rappelons-nous encore récemment, les bébés tués dans les couveuses au Koweit, les génocides imaginaires au Kosovo ou en Libye, les ADM en Irak, les djihadistes "modérés" en Syrie ou les 36 invasions de l’Ukraine par l’armée Russe depuis 2014…
Dans les mémoires de Cavanna, « Les Russkofs », l’auteur entre dans un Berlin très fraichement investi et voit, à chaque carrefour, une police militaire de « femmes solides » traquant sans pitié le moindre laisser-aller des troupiers.
Mettre en place des régiments entiers de police militaire féminine, chose unique dans l’Histoire, note d’une manière certaine, la volonté de tenir la troupe. Tout état-major, et surtout un état-major ayant l’implacabilité disciplinaire de celui de l’Armée Rouge, abhorre laisser les hommes salir l’honneur de leur commandement et surtout est bien conscient qu’une troupe de soudards n’est plus maîtrisable.
Dans le registre de la « barbarie Russe », on parle aussi tout le temps du traitement affreux du malheureux soldat Allemand prisonnier, envoyé en Sibérie. Sauf que les Russes firent 2.7 millions de prisonniers Allemands qui avaient martyrisé leur peuple et en rendirent 2.3 millions.
Sauf que les Allemands firent 6 millions de prisonniers Russes qui ne leur avaient rien fait et n’en « rendirent » que 2. Quatre millions furent tués dans des conditions inimaginables de perversion et de cruauté, affamés, exploités à mort, traités comme des esclaves, pour le plus grand profit de l’industrie allemande, servant aux expériences sur les gaz, cobayes des nombreux Mengele auxquels le « peuple des seigneurs » offrit un tremplin pour ses abominations.
400.000 morts d’un côté, 4 millions de l’autre. 15% contre 60. Qui est le barbare ?
Veut-on comparer avec le comportement Anglais ou Américains envers les prisonniers ? Encore une fois, ni les uns ni les autres n’ont été envahis et n’ont eu 20% de leur population martyrisée. Les USA ont perdu moins de 200 000 soldats sur le front Européen, les Russes, 9 millions. Et près de 15 millions de civils. Et sur le front Pacifique, on occulte pudiquement le fait que les US Marines ne faisaient pas de prisonniers.
VII. L’Armée rouge était sous-équipée, moyenâgeuse.
Ce mythe-là, tenace, est des plus étonnants, car il n’a pour origine aucune propagande. Aucun historien, aucun journaliste professionnel (il y en eut), même résolument anti-soviétique, n’a jamais osé affirmer, à juste titre, une telle énormité.
Hélas, on apprend beaucoup plus l’Histoire par le cinéma,[...] qu’en lisant des livres sérieux. Et donc, on entend depuis 1945, cette énormité selon laquelle l’URSS était incapable de concevoir et produire des armes modernes. Encore une fois, seules les livraisons des alliés par l’Arctique ont pu pallier cette nullité technologique. Il est incroyable de prétendre une chose pareille, et pourtant s’il y a un point où le consensus est total, c’est bien sur celui-là.
Or, il suffit d’ouvrir n’importe quel livre d’Histoire ou une page internet sur le détail des productions industrielles d’armement par pays pendant la Seconde Guerre Mondiale pour être édifié. Entre juin 41 et mai 45, les Russes ont produit plus de chars et de canons que les USA et l’Allemagne réunis.
Plus de de 60.000 exemplaires du seul T34 dans ses différentes versions (à titre d’exemple, les Allemands disposaient de moins de 3.000 chars pour la campagne de France.) furent produits. Le T34, char rustique, solide, très novateur en calibre, en courbure de tourelle, en blindage, en largeur de chenille (boue, neige), en solidité, en facilité d’entretien, fut le cauchemar de l’armée Allemande et d’après les Allemands eux-mêmes, le meilleur char de grande série de la guerre, le Panzer V n’apparaissant qu’en 1943 et le VI Tigre construit en moins de 2.000 exemplaires et très fragile mécaniquement.
Les Russes inventèrent aussi la fameuse Katioucha, le lance-roquette multiple, l’orgue de Staline, deuxième souvenir le plus terrifiant du fantassin Allemand avec le T34. Les Allemands d’ailleurs, reprirent immédiatement le concept tout comme les Américains.
Ils conçurent et fabriquèrent aussi d’excellents chasseurs, comme le Yak 1, inférieur sur le papier aux merveilles techno Allemandes mais, à l’image des Russes, toujours solide, fiable, astucieux, capable de voler par n’importe quelle température et un des chasseurs les plus protecteurs pour les pilotes. D’ailleurs, les pilotes Français de l’escadrille Normandie-Niemen adoptèrent longtemps ce « moudjik » de l’air, les Russes proposant aussi le Yak 7, les Mig 1 et 3, le Lagg 3, pas mal pour une industrie moyenâgeuse…
Les Russes surent aussi concevoir et produire en masse le meilleur avion d’attaque au sol de la guerre, le Sturmovic. Encore une fois, un outil rustique, hyper blindé, hyper armé, le premier tueur de char, terreur du tankiste Allemand.
Ils conçurent et fabriquèrent plus de 100.000 canons d’excellente facture.
Ils conçurent et produisirent aussi les excellents pistolets mitrailleurs PPS41 et 43, avec, grande innovation, sélecteur pour le tir en rafale ou au coup par coup, très simples à produire, quasiment impossibles à enrayer. Ils étaient si valables que les fantassins Allemands délaissaient leur M40 pour récupérer les PPS de l’ennemi.
Effectivement, ils purent se concentrer sur cette production car les USA leur fournissaient la quasi-totalité de leurs camions et voitures, des dizaines de milliers de véhicules. Cet apport indéniable Américain et les ressources propres en pétrole permirent à l’Armée Rouge d’être très supérieurement mécanisée par rapport à l’armée Allemande, que le manque de ressources pétrolières condamnait à l'usage du train et à l’utilisation de plus d’un million de chevaux.
Contrairement à l’imagerie populaire, l’armée Allemande fut, de loin, l’armée la plus hippomobile de la seconde guerre mondiale. Il ne faut pas s’y tromper, l’URSS conçut et fabriqua la quasi-totalité de son équipement de guerre. Un excellent équipement, robuste, astucieux, peu onéreux, hyper opérationnel.
VIII. Sans le débarquement allié en Normandie, les Russes étaient "cuits"
Ce mythe inepte, là encore, véhiculé par le « bon sens » populaire, est de plus en plus prégnant à mesure que les sirènes de la russophobie se font pressantes.
Tout le monde connait le D-day. [...] Lors du "jour le plus long", l'armada US réussit à débarquer en Normandie, au prix de 9.000 morts (1.000 000 à Stalingrad) [..], tandis que les Russes empêtrés de leur côté, étaient sauvés par cette diversion providentielle. C’est beau Hollywood.
Sauf que....
Sauf qu’il suffit de regarder une carte du front de l’Est en juin 44. En juin 44, l’URSS a repris toute l’Ukraine, la moitié de la Biélorussie et campe devant Riga. Elle a fait reculer les Allemands de 700 km au nord et de 1.000 km au sud, les faisant revenir quasiment à la position de départ de 1941. Entre temps, les Allemands n’ont pas réussi leur offensive d’été 41, ont pris une terrible "raclée" en Janvier 42, une bien plus désastreuse encore à Stalingrad et une autre encore à Koursk en 43; ils ont déjà eu 4 millions de tués, plus encore de blessés graves. Plus d’1.5 millions de prisonniers. L’URSS, l’URSS seule a brisé l’échine de la bête et il n’y a aucune raison qu’en juin 44 le sort des armes s’inverse.
Par contre, si tout le monde connait le D-day, beaucoup moins nombreux sont ceux qui connaissent l’intensité meurtrière de la bataille de Normandie qui dura deux longs mois et causa la moitié des pertes US sur le théâtre d’opération européen. Bataille de Normandie où les britanniques (avec ANZAC et Canadiens) d’ailleurs étaient plus nombreux que les Américains et où ils firent vraiment le "sale boulot" en poussant le gros et le meilleur des Allemands vers le nord. Les Britanniques sont les autres victimes et grands lésés de cet "accaparement" de la victoire par les USA et leurs admirateurs.
Tout le monde connait le D-day, mais assez peu sont ceux qui connaissent le terme "Opération Bagration".
Et pourtant.
Et pourtant, cette offensive soviétique, débuta à la date anniversaire de Barbarossa, le 22 juin 44, au moment où les alliés piétinaient dramatiquement dans le bocage Normand. Sur un front de près de 1.000km, l’Armée Rouge reprit l’initiative et durant deux mois, infligea aux Allemands plus de 300 000 morts et fit autant de prisonniers ou blessés dans ce qui reste très officiellement, en Allemagne même,« le plus grand désastre militaire de l’histoire Allemande ».
Si une bataille soulagea considérablement quelqu’un, ce n’est pas le D-day qui soulagea des Russes dépassés, mais bien Bagration qui, concentrant l’essentiel des restes de l’armée Allemande, soulagea les Alliés piétinant sur leur tête de pont.
Mais Hollywood n’est ni sur le Don ni sur la Volga…
IX. C’est la bombe atomique qui a fait capituler les Japonais.
Voici un mythe très très solide, et pourtant contredit par des gens aussi experts que Mac Arthur ou Eisenhower.
Que viennent faire les Russes là-dedans ?
Attention, prétendre que les Russes ont participé à la défaite Japonaise serait complètement fantaisiste. Hormis les Britanniques qui ont participé aux confins Birmans, les USA ont assuré la quasi-totalité de la guerre et de la victoire contre l’Empire du Soleil Levant, les Chinois l’ayant essentiellement subi.
Que viennent alors faire les Russes là-dedans ?
Ils viennent jouer le rôle de croque-mitaine, de parfait cauchemar. Conformément aux accords inter-alliés de Yalta qui prévoyaient leur déclaration de guerre contre le Japon 3 mois jour pour jour après la cessation des combats à l’ouest , les Russes déferlent en Mandchourie, balayant les troupes impériales.
Les stratèges US attendaient ceci avec impatience. Mac Arthur et même Truman comptaient sur l’effroi des Japonais à la perspective d’être envahis et occupés par les troupes soviétiques pour les forcer à capituler rapidement dès l’offensive lancée.
Celle-ci intervient le jour de Nagasaki, trois jours après Hiroshima, conformément aux accords initiaux.
Si la bombe a "secoué" l’Empereur et les éléments modérés de son cabinet, les nationalistes eux, restent droits dans leurs bottes. Le Japon a l’habitude des raids dévastateurs de l’aviation US qui ont provoqué un million de morts civiles, dont 100.000 pour le seul raid sur Tokyo. Cette vision d’holocauste serait même compatible avec leur mystique délirante : une sorte de charge Banzaï au niveau de tout le peuple.
Mais l’avancée fulgurante des Russes en Mandchourie laisse envisager une invasion imminente de l’archipel. Et c’est l’effroi devant une telle perspective qui fait basculer le rapport de forces. [...] Une occupation par l’ogre soviétique, JAMAIS ! Plutôt capituler rapidement devant les Américains. Le même genre de calcul a fini par prévaloir sur le front Européen dés que Hitler se fut suicidé.
Jusqu’à leur mort, Mac Arthur et Eisenhower ont toujours nié le rôle premier des bombes dans la capitulation Japonaise. Ce mythe, comme toujours, fut affaire de politiques et de communicants dans une guerre froide naissante.
Et là encore, on s’est rassuré avec la fable de bombes atomiques sauvant 1.000.000 de vies,et on a ricané sur les « vautours » soviétiques qui attaquaient un Japon à terre, déjà vaincu par la bombe atomique plutôt que de saluer leur respect des accords et leur action décisive dans la précipitation de la capitulation.
Voilà, cette série est finie. Son but, hors le fait rendre justice au génie et à l’héroïsme Russe est de rappeler que tous ceux qui ont attaqué ce pays, et s’y sont perdus, Polonais au XVIIe siècle, Suédois au XVIIIe , Français au XIXe et Allemands au XXe, l’ont fait par suite d’une sous-estimation dramatique de ce grand peuple. [...]
Face à la montée inexorable des provocations et des tensions envers l’Ours, on ne peut que chanter avec Sting : « I hope the Russians love their children too ».*
* « j’espère que les Russes aiment leurs enfants autant que nous les nôtres »
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rôle de Staline dans la victoire.
Source
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16 mai 2019 par Jivko Panev
Le 11 mai 2019, dans le cadre de l’émission « L’Église et le monde » de la chaîne télévisée « Rossia 24 », le métropolite de Volokolamsk Hilarion, a abordé, entre autres, la question de la victoire de la deuxième guerre mondiale.
À la question : « Pour beaucoup de personnes, dans notre pays, surtout pour ceux de l’ancienne génération, la victoire de la Seconde Guerre mondiale est la victoire personnelle de Staline. Selon le dernier sondage de l’institut « Levada Center », 51% des Russes considèrent la personne de Staline avec admiration, respect ou sympathie. Et c’est l’indice le plus élevé des 20 dernières années. Selon vous, un certain danger ne se cache-t-il pas derrière les résultats d’un tel sondage ? » Le métropolite Hilarion a répondu : « J’appartiens à la catégorie de personnes qui regardent Staline sans admiration et sans sympathie. Sur cet homme repose la responsabilité des répressions qui se sont déchaînées dans les années 1920, et particulièrement les années 1930. L’Église a clairement exprimé son attitude envers ces répressions en canonisant les nouveaux martyrs et confesseurs – ceux qui sont connus nommément et ceux dont on ne connaît pas les noms. Chaque fois lorsque surgit ce sujet, je rappelle que, non loin de Moscou, il y a le « polygone » de Boutovo. C’est là que doivent se rendre ceux qui admirent Staline, qui vénèrent cette figure, pour voir à quelles conséquences a mené sa politique. La victoire de la Seconde Guerre mondiale est le résultat de l’exploit de toute la population. Le peuple entier s’est dressé pour défendre le pays et a remporté la victoire dans cette guerre sanglante. Quel était ici le rôle personnel de Staline, cette question entraîne beaucoup de débats, dont ceux qui concernent ses agissements destinés à affaiblir l’armée dans les années 1930, alors que de nombreux chefs militaires exceptionnels ont été fusillés, car ils étaient soupçonnés de trahison, et l’armée s’est trouvée totalement non préparée pour la guerre. On peut se rappeler que l’on avait averti Staline de l’attaque imminente qui se préparait, et il ignora ces rapports, dont celui du célèbre agent Richard Sorge. Aussi, on ne saurait dire que la victoire de l’Union Soviétique lors de la Seconde Guerre mondiale est le mérite de Staline. Je pense que c’est le mérite de tout le peuple, qui a été attribué à Staline en raison du culte de la personnalité. Je ne pense pas que maintenant, à notre époque, il faille faire renaître ce culte de la personnalité ».
https://www.herodote.net/histoire/synthese.php?ID=2566&ID_dossier=165 Qui a vaincu le nazisme ? Résultats de notre sondage (juin 2019)
Les 7-8 mai 1945, après avoir été défaite à El Alamein, Stalingrad, en Normandie... l'Allemagne nazie s'effondrait et ses généraux capitulaient sans conditions à Reims et Berlin.
En mai 1945, puis en mai 1994, en juin 2004, en mai 2014 et en mai 2015, l'IFOP a interrogé un « échantillon représentatif » de Français sur la question :
Quelle est, selon vous, la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne en 1945 ?
• Angleterre (Empire britannique),
• Russie (URSS),
• États-Unis (USA),
• Les trois pays.
À notre tour, le 6 juin 2019, nous vous avons invités à répondre à la même question. Vous avez été nombreux à le faire et la plupart d'entre vous avez ajouté un commentaire. Vos réponses sont instructives et surprenantes. Elles témoignent en premier lieu de l'intérêt que portent les lecteurs d'Herodote.net aux enjeux mémoriels. Elles révèlent aussi une perception de l'Histoire très éloignée de celle qui émane des médias institutionnels et grand public. C'est la preuve d'une grande indépendance d'esprit chez nos lecteurs, ce dont nous sommes très fiers...
La contribution américaine valorisée par Hollywood
Les résultats de l'IFOP, d'un sondage au suivant, illustrent la volatilité de l'opinion.
• En mai 1945, au moment de la capitulation allemande, les Français étaient 57% à penser que celle-ci était d'abord le fruit de l'effort soviétique. Ils étaient 20% à pencher pour les États-Unis et 12% pour les Britanniques. Seulement 2% y voient l'effort conjoint des trois pays.
• En mai 2015, la perspective s'est retournée ! 54% des Français ont donné la palme aux Américains contre 23% aux Soviétiques et 18% aux Britanniques. 5% plaidaient pour les trois réunis.
C'est ainsi que la mémoire collective, soixante-dix ans après la guerre, a érigé les Américains en sauveurs de la Liberté et du monde, en occultant largement le rôle des Soviétiques et des Britanniques. On peut comprendre ce revirement à la lumière des bouleversements géopolitiques et culturels :
En 1945, les Français avaient encore le souvenir très vif de l'opération Barbarossa par laquelle la Wehrmacht avait envahi l'URSS. Quand en décembre 1941, les Allemands piétinaient devant Moscou, les Américains entraient tout juste dans la guerre... contre le Japon. Et c'est seulement en juillet 1943, en Sicile, que les combattants américains ont foulé pour la première fois le sol européen, au coude à coude avec les Britanniques. À ce moment-là, les Allemands avaient déjà essuyé à Stalingrad et Koursk, face aux Soviétiques, leurs pires défaites de la guerre et leur capitulation finale ne faisait plus de doute. Les débarquements anglo-saxons de Sicile puis de Normandie, onze mois plus tard, allaient soulager les Soviétiques dans leur effort de guerre et accélérer l'issue finale de plusieurs mois, mais ce serait un contresens d'y voir une raison majeure de l'effondrement du nazisme. Nos lecteurs, qui sont bien avertis de ces choses-là, le savent bien.
En France même, les communistes français, bien qu'entrés tardivement dans la Résistance, avaient très vite pris une part prédominante en son sein et à la Libération, le Parti communiste, porté par la propagande stalinienne et les succès de l'Armée rouge, avait séduit près d'un quart des électeurs français ! Dans l'autre sens, en Normandie, le Débarquement avait laissé de douloureuses cicatrices : des milliers de civils tués dans les bombardements et des villes rasées sans grande raison. Dans le bocage, les GI's, dont le comportement avec les femmes ne fut pas non plus toujours exemplaire, avaient été accueillis par des visages fermés, contrairement à ce qu'a laissé croire la légende postérieure.
Et puis, très vite allait s'installer la guerre froide entre les deux principaux vainqueurs, États-Unis et URSS, avec le risque très réel d'un nouveau conflit, à coup de bombes atomiques ou thermonucléaires. Le camp occidental allait resserrer les rangs face à l'« ogre » soviétique et c'est ainsi qu'on allait intégrer prestement l'Allemagne de l'Ouest dans une union de l'Europe démocratique... La répression soviétique en Europe orientale (Prague, Berlin-Est, Budapest...) allait faire oublier les vingt millions de Soviétiques morts dans la lutte contre le nazisme. Il est d'ailleurs remarquable que la bataille de Stalingrad, la plus meurtrière de toute l'Histoire, n'ait inspiré aucun cinéaste, hormis Jean-Jacques Annaud qui l'a traitée à travers le duel entre deux tireurs d'élite (Stalingrad, 2001).
Peu importe que les soldats américains qui ont donné leur vie pour la Liberté n'aient été « que » 400 000 au total, sur les deux fronts du Pacifique et de l'Europe. La valeur de leur sacrifice demeure incommensurable... Et quand on aime, on ne compte pas ! C'est ce que démontre depuis soixante-dix ans le cinéma d'Hollywood. Du Jour le plus long (1962, Darryl F. Zanuck) à Il faut sauver le soldat Ryan (1998, Steven Spielberg), ces films, au demeurant remarquables, mettent en lumière la contribution américaine à la lutte contre le nazisme en laissant dans la pénombre les autres alliés. Ne soyons donc pas surpris par le retournement de l'opinion à soixante-dix ans d'écart, concernant les contributions des uns et des autres à la défaite de l'Allemagne nazie...
Les lecteurs d'Herodote.net manifestent quant à eux un point de vue beaucoup plus nuancé ainsi que le démontrent les résultats ci-après de notre vote :
Le courage anglais, le sang russe, le travail américain
La question, telle que formulée par l'IFOP, a beaucoup embarrassé nos lecteurs, qui sont gens avertis (« La question est mal posée. L'URSS a joué le même rôle que la France en 1914/18, celui de premier acteur dans le conflit, mais il n'en demeure pas moins que sans ses alliés, l'URSS - comme la France précédemment -, n'aurait pu vaincre », Didier) (note).
Au final, une courte majorité d'entre vous a rendu hommage au sacrifice humain de l'Union soviétique (« avec plus de vingt millions de morts, c'est vraiment le peuple russe qui a vaincu le régime nazi ! », Agnès) mais un tiers n'a pas voulu se prononcer ou plutôt a désigné les trois grands alliés à part équivalente (« les Anglais pour leur résistance opiniâtre et sans faille, les Russes pour leur énorme sacrifice humain, les États-Unis pour leur machine de guerre écrasante », Alain).
Bien évidemment, en première ligne dans la guerre contre l'hydre nazie, il faut placer un homme, Churchill (« Sans Churchill... », Jean-Louis). Le film Les Heures sombres nous rappelle qu'avant de lutter contre Hitler, le vieil homme (66 ans en 1940) eut d'abord à lutter contre ses propre collègues du gouvernement partisans du compromis et de la paix à tout prix ! Pendant un an, de l'armistice franco-allemand du 22 juin 1940 à l'invasion de l'URSS (22 juin 1941), le Royaume-Uni a été le seul pays à tenir tête à l'Allemagne !
Forcé et contraint de combattre Hitler, Staline a ranimé le patriotisme russe au prix fort (« La vie des Russes ne comptait pas pour leurs maîtres communistes. Les unités militaires étaient extrêmement surveillées et avançaient avec le pistolet sur la tempe et c’est une des raisons pour laquelle ils eurent tant de morts », Vallin). S'il a pu retourner la situation en faveur des Alliés, c'est aussi aux fournitures américaines qu'il le doit (« la puissance industrielle américaine a assuré la victoire sur les forces de l'Axe. les différents prêts monétaires et matériels aux alliés, les quelques milliers de convois vers l'Angleterre et la supériorité aérienne ont assis le tout », Lefa). La contribution américaine à la guerre tient moins à ses soldats qu'à ses ouvriers qui ont réussi à alimenter sans interruption la machine de guerre alliée, tant sur le front atlantique que sur le front soviétique, grâce aux convois de bateaux qui débarquaient du matériel et du ravitaillement à Mourmansk, dans la mer Blanche.
Cela étant, nos lecteurs ne manquent pas de signaler aussi les fautes qui ont conduit à la guerre (« si la Russie a eu autant de morts il ne faut pas oublier, jamais oublier que ce pays a commencé par une turpitude monstre en serrant la main d'Adolf ! Le 24 août 1939, la signature du pacte germano-soviétique sera payée au prix fort ! », Pierre). On entre ici dans un débat sans fin sur les responsabilités des uns et des autres. Le pacte germano-soviétique a bien entendu été le prélude à la guerre. Mais si Staline s'est résigné à le signer, c'est qu'il craignait - pas tout à fait à tort - que les démocraties occidentales ne l'abandonnent en cas d'attaque allemande. Les Américains eux-mêmes, jusqu'en décembre 1941, ont clairement signifié que la guerre en Europe ne les concernait pas. Et les Britanniques eux-mêmes n'ont pas hésité, en juin 1935, à rompre le « front de Stresa » en signant un accord naval avec l'Allemagne. Quant aux Français, ils ont empêché en 1931 une union douanière entre l'Allemagne démocratique et la petite Autriche démocratique. De là, pour partie, la crise qui a ravagé l'Allemagne et permis l'accession de Hitler au pouvoir...
L'Histoire est toute en nuances comme le savent bien nos lecteurs. C'est ce qui la rend passionnante...